Keep Your Hands off Eizouken!
7.8
Keep Your Hands off Eizouken!

Anime (mangas) NHK (2020)

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Souvent on te hype sur un truc, et lorsque tu vois ledit truc, c'était soit en deça, soit exactement ce que tu imaginais. Et puis, il y a une petite catégorie d'oeuvres où on te hype sur un truc, et tu t'aperçois que c'est ENCORE MIEUX que ce qu'on t'avait dit.


Ca faisait deux ans qu'on me rabattait les oreilles avec Keep Your Hands off Eizouken, mais j'avais pas Crunchyroll à l'époque, et il faisait parti de la liste des "animés à regarder absolument le jour où on s'abonne." Bon, entre-temps certains animés sont passés en avant dans la liste, ce qui fait qu'il a fallut attendre l'inter-saison entre la fin des animés d'été et le début des animés d'automne pour qu'on s'y attèle. Mais une fois qu'on est tombé dedans, on a enchainé très vite les épisodes, tellement c'est BON !


On m'avait dit du bien sur le fait que la série est animé par Masaaki Yuasa (Lou et l'île aux sirènes) et qu'elle prend le parti pris de montrer un club d'animation. Ce qu'on ne m'avait pas dit c'est qu'elle prenait le concept du Cute Girl doing Cute Things, qu'elle le tordait, le tabassait et lui explosait la face.


Destruction d'un genre


Pour résumer, le Cute Girls doing Cute Things est un terme permettant de regrouper tout ces animés montrant des filles qui gèrent un club au lycée ou au collège. C'est un canevas très simple et très utile pour faire des animés sur des tas de thèmes différents et moi même j'en ai vu certains : ça peut parler de jeux de société (After School Dice Club) de pêche (Diary of Our Days at the Breakwater) d'astronomie (Asteroids in Love) de bricolage (Do it Yourself ) de mobylettes (Super Cub ... même si elles ne montent pas un club) et j'en passe.


Et ce "genre" (qui ne l'est que depuis que certains weebs ont dit que ça en était un) passe par plusieurs poncifs : notamment l'héroïne candide qui va rejoindre un club par hasard (souvent parce que celui-ci est menacé d''être fermé faute de membre) ce qui permet de lui expliquer par le menu le principe de pas Elle va se faire un tas de bonnes copines aux caractères très différents, souvent une fille exubérante, une kudere, et parfois une bonne copine. Et parfois y a des sous-entendus lesbiens.


Eizouken décide de prendre le genre et d'en faire autre chose. Oui, on a bien des filles qui montent un club de vidéo et qui galèrent à le faire vivre, mais ça s'arrête là. Déjà, elles sont loins d'être cute : Midori est petite et boulotte, Sayaka est une grande perche avec un sourire ultra-cynique sur le visage (et il est dit plusieurs fois qu'elle fait peur.) Seule Tsubame est très jolie... ce qui va leur servir pour la publicité de leurs proejts.


Idem pour leur caractère qui changent de ce qu'on voit habituellement... elles ont toutes des personnalités bien marquées mais complémentaires : Midori est créative mais brouillonne, Tsubame est douée mais irréaliste tandis que Sayaka n'a aucune appetence pour l'animation... mais sais gérer une équipe et un budget.


Et surtout, ça ne se passe pas dans un lycée ordinaire. Le lycée lui même une bizarrerie architecturale au bord de l'eau, avec des enfilades de niveaux, des passages secrets, des salles abandonnées qui ressemblent à des entrepôts. Ca change complètement du "bloc de bêton carré" habituel des animés ordinaire.


De plus on s'est construit dans un univers où les clubs sont un bizness ultra-sérieux, avec des clubs pour à peut-près tout (il y a un club de son, un club de robotique, un autre club de cinéma, etc...) chapeauté par un BDE qui ressemble plus à un conseil d'entreprise (voire à une mafia) qu'autre chose. Le tout baigne donc dans une sorte de douce folie.


Un hommage à l'animation


Il me semble que c'était l'oeuvre sur laquelle Yuasa comptait arrêter avant de partir à la retraite. Alors, bon, je ne suis pas assez calé sur le personnage pour vous faire une étude d'en quoi Eizouken est le reflet de son oeuvre, mais j'ai deux yeux et rien qu'en voyant Lou et l'Ile au Sirène, le parallèle entre les deux oeuvres est évident. (La ville au bord de l'eau avec différents niveaux, le trait très aérien, le dernier court-métrage sur lequel les filles planchent et qui raconte la confrontation entre un peuple de l'eau et un peuple de la terre se terminant sur une scène de danse.)


Alors, oui, c'est incroyablement bien imaginé, surtout pour une série d'animation, et Yuasa déploit tout les styles qu'il a pu utiliser dans sa carrière. (La fin de la série se termine par un dézoom incroyablement prenant.)


Mais la série est avant tout un hommage à l'animation, au métier d'animateur et à tous les sacerdose que ça demande. Oui, on adore ces passages où les filles sont en train d'imaginer des tas de plans, d'esquisser des robots, de créer des (les esquisses de Midori ressemblant franchement aux concepts-art d'un Miyazaki en plein essort de sa carrière.) Elles sont tellement pleine de créativité qu'un épisode entier est consacré au fait que Midori n'arrive pas à imaginer un scénario parce qu'elle aperçoit sans arrêt un truc qu'elle a envie d'intégrer à son futur film.


Mais cela en montre aussi les à-côté : c'est un métier crevant, où chaque seconde d'animation demande du temps, il faut sans arrêt gérer avec des contraintes internes ou externes, faire des compromis, abandonner des idées, etc... En ce sens, même si elle est représenté comme une "peau de vache" Sayaka est le personnage qui montre à quel point un producteur est essentiel.


Et tout est contenu dans ces fins d'arcs qui se finissent par Misuki se réveillant après la projection de leur court-métrage et expliquant à quel point celui-ci est complètement perfectible, à quel point il manque des trucs et à quel point le prochain film sera bien meilleur. Show Must go On !

le-mad-dog
9
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Créée

le 19 oct. 2022

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