Le Jeu de la dame
7.6
Le Jeu de la dame

Série Netflix (2020)

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Tout sauf un échec, elle mate les autres séries originales Netflix.

Ah les échecs, certains vous diront que c'est chiant, d'autres que c'est un sport et certains vous diront que les échecs sont tout bonnement un art. Je fais personnellement parti de ces derniers et que fut mon plaisir en découvrant cette série qui est une vraie lettre d'amour envers les échecs et qui plus est une de ses figures les plus emblématiques. Je ne comptais pas faire de critique dessus au départ, mais en discutant avec plusieurs détracteurs de cette série, j'ai l'impression que c'est nécessaire. Vous l'aurez donc compris, au-delà d'être une critique de cette mini-série, j'aborderais également les différents arguments de ses détracteurs que je ne trouve pas forcément toujours justifiés.


Tout d'abord, je vais commencer par justifier ma note et que dire si ce n'est que cette mini-série représente tout ce que j'attends d'une série. Une réalisation propre, avec des plans-séquences intéressants et une symbolique derrière les images qui nous sont souvent montrées à la caméra. Alors ce n'est pas du Kubrick ou du Hitchcock certes, mais c'est déjà suffisant pour la sortir du lot de la majorité des séries modernes qui ont souvent un travail de caméra assez simpliste, en particulier sur Netflix. L'histoire est fascinante et la simplification qu'en font ses détracteurs ne fait tout simplement pas justice à cette série, mais j'y reviendrais un peu plus tard. On nous délivre ici une œuvre aux multiples facettes et thématiques, toutes aussi bien géré les unes que les autres (jeune prodige, addiction, les difficultés que les orphelins peuvent avoir dans la vie, la place des femmes dans les milieux intellectuels dans les années 60...) au-delà de ça le casting est irréprochable, Anya Taylor-Joy est parfaite et crédible dans son rôle, les personnages secondaires sont tous très bien castés, les décors et costumes sont crédibles si on fait exception de quelques fonds vert qui le sont un peu moins. Le format est parfait, une seule saison, septs épisodes, de quoi dévorer la série d'un seul coup et qui lui donne la possibilité d'être revue assez facilement, contrairement à des séries comme the walking dead où la majorité des gens n'auront jamais la motivation de tout revoir. Les épisodes sont consistants, tous aussi bien écrit les uns que les autres et tous offrant un bouquet différent d'émotions. Que demander de plus ?


Alors abordons maintenant différentes critiques que j'ai pu voir et leurs principaux arguments. Le principal, je dirais qu'il s'agit du schéma narratif. J'en ai vu beaucoup comparer la série à Rocky pour argumenter que la série n'est pas si bien que ça, mais je trouve que c'est un argument assez facile. Aujourd'hui, on ne peut pas avoir une histoire qui traite d'un underdog talentueux qui se fait un nom et fini par réussir sans être comparé à Rocky. Au même titre, même s'il ne réussit pas, il peut être comparé à Rocky puisque dans le premier, il finit par perdre. Le problème, c'est qu'en se focalisant sur cet aspect de la série, on passe à côté de beaucoup de choses. Le but de l'histoire n'est pas le début (l'underdog) puis elle finit par réussir (deviens championne du monde) , l'histoire, c'est tout ce qu'il y a entre, comment les échecs lui ont permit de se remettre du traumatisme de la perte de sa mère, mais en même temps elle à développer une addiction, les questions de son ego de par son talent, la question de la femme prodige à l'époque, etc...J'ai envie de dire sa victoire, finale est presque anodine puisque ce n'est pas ça qui est intéressant dans cette mini-série.


L'autre argument principal, c'est celui du travail de l'enfant prodige que certains ne trouve pas réaliste. Dans un premier temps, il faut savoir que cette histoire fait clairement écho à la vie de Paul Morphy, figure emblématique des échecs dès ses 9 ans jusqu'à ses 22 ans, exactement comme Beth ici. Tout comme elle dès le début il est devenu assez bon uniquement en regardant des personnes jouer sans jamais avoir été enseigné, je ne vais pas vous faire un wikipédia de sa carrière mais je vous invite à aller vous renseigner sur lui car vous verrez clairement que Beth est inspirée de Morphy, même dans sa manière de jouer (il était très connu pour gagner ses parties assez rapidement et son utilisation du King's Gambit et ici, dans le cas de Beth, étant une femme, c'est devenu le Queen's Gambit qui est une autre stratégie aux échecs.). Un parallèle est d'ailleurs fait dans la série par l'un des protagonistes. Ironiquement après sa carrière aux échecs, Morphy a voulu devenir avocat sauf que ça n'a pas fonctionné puisqu'il était antiesclavagiste ce qui fait fortement écho à l'amie de Beth, Joline qui dit vouloir devenir avocate pour les droits des personnes de couleur. Je ne suis pas forcément d'accord avec l'idée que son don vient de nul part comme certains l'indique puisqu'il nous est montré que sa vie tourne autour des échecs, c'est son obsession. Il est indéniable qu'elle à un talent certains pour les échecs, mais elle à du apprendre, elle joue constamment aux échecs dans sa tête, elle a subi des défaites, elle à appris à laisser les autres l'aider, très souvent pour le mieux. Elle a lu d'innombrables livres sur les échecs, étudiés d'anciennes parties, on est quand même bien loin du don suprême qui n'a pas la nécessité d'être cultivé comme certains semblent le sous-entendre.

sAde_
7
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le 2 nov. 2020

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sAde_

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