Elizabeth no Chess

Plus qu’une série The Queen’s Gambit a été le phénomène de société de la fin de l’année 2020. Après sa sortie, les spectateurs se sont rués sur les échiquiers — réels ou virtuels. Certains afin d’assouvir une envie refoulée depuis de trop nombreuses années, d’autres simplement émerveillés par la découverte d’un jeu qu’ils croyaient désuet.

Pour réussir à bouger un public ramolli par une sédentarisation forcée depuis bientôt presque un an, The Queen’s Gambit s’est appuyée sur une structure narrative proche de celle du shônen. En effet, The Queen’s Gambit aurait très bien pu s’appeler Elizabeth no Chess et être produit par le studio MAPPA sans que cela ne choque personne.

Regardons ça de plus près, si vous voulez écrire un scénario de shônen rien de bien compliqué, il vous suffit de réunir habilement quelques ingrédients simples. Premièrement, il faut débuter votre histoire pendant l’enfance de votre héros et montrez que celui-ci à un grand potentiel endormi. Ensuite, il doit rencontrer un mentor qui va réveiller ce talent caché : c’est le déclic, le début de l’ascension. Cependant après quelques victoires fulgurantes, il se retrouve face à un adversaire bien plus fort que lui. A ce moment, le héros se trouve confronté aux démons qui le rongent, et qu’il va devoir vaincre pour pouvoir libérer tout son potentiel et triompher de son némésis.

Voilà, là on dispose des grandes lignes du scénario classique d’un shônen. Si cette structure est loin d’être originale, elle est cependant très efficace et permet de rendre passionnant à peu près n’importe quel sujet : que ce soit le ping pong (Ping Pong the Animation) ou l’écriture d’un dictionnaire (Fune o Amu). The Queen’s Gambit a très clairement emprunté ces codes et les utilise avec justesse. D’autant plus que la série est courte, ce qui dynamise l’histoire et évite les longueurs scénaristiques (dont les shônens sont pourtant friands).

Finalement, une grande réussite de la série est sa portée. Elle parvient à captiver un public large, allant du joueur professionnel d’échec au plus ignorant des novices, dans l’esprit duquel la mention de “petit roque” fait surgir un caillou. Cette qualité doit être remarquée car rares sont les œuvres de fiction qui arrivent à séduire aussi bien le grand public que les spécialistes.

TL;DR : 1.d4 d5 2.c4