Little Witch Academia
7.3
Little Witch Academia

Anime (mangas) Tokyo MX (2017)

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Votre magie c'est d'y croire, celle de Trigger c'est de lui donner vie.

Quand on cite les studios Trigger, le public a tendance à l’assimiler à ce qui l’a fait le plus connaître : Kill la Kill (les tenues de marins qui se transforme en armure de combat, Mako et ses répliques de philosophe aussi effréné que logique, le nudisme, toutes ces joyeusetés) qui a été supervisé par les principales têtes pensantes des anciens animateurs de Gainax, dont Hiroyuki Imaishi qui a déjà pas mal d’expérience dans le domaine de l’animation.


Mais pourtant, ça n’est pas la première œuvre du studio puisque Trigger a déjà eu l’occasion de se révéler un peu plus lors du Projet Anime Mirai de 2013 (un programme japonais annuel initié en 2011 ou 4 studios présentent les travaux de jeune animateurs en formation, financé par le ministère de la culture japonaise) avec un court-métrage réalisé par Yoh Yoshinari de 25 minutes parodiant aussi bien Harry Potter que l’univers de Tolkien. Bien que limité par son statut de premier brouillon, le rendu était tout à fait charmant tant dans ses influences que dans la patte du studio, visuel comme dans le fond.


La mécanique ne s’est pas arrêtée là puisqu’un moyen-métrage a ensuite vu le jour en 2015 avec des moyens plus élevés. Et après la diffusion de Space Patrol Luluco en 2016, un animé d’expérimentation visuelle plus proche de l’hystérie écœurante que de l’amusement, Yoh Yoshinari revient à cette première œuvre du studio et on a enfin droit à un reboot en série beaucoup plus décis la même année ou chez Disney, La Bande à Picsou était rebooté.


Tout d’abord on sent que l’univers est tout autre que celui de Kill la Kill, mais les principaux ingrédients et dissemblances avec leur premier animé sont là : une héroïne plus ou moins compétente qui se retrouve projetée dans un univers qui lui est étranger, possédant un artefact magique qui servira de fil rouge dans une quête liée à l’univers ou elle évolue et d'autres choses encore. Cependant le ton y est majoritairement plus léger sur fond de couleurs chatoyantes et savoureuses.


Yoh Yoshinari et Trigger se sont beaucoup amusé à diluer leurs influences et à disséminer leurs clins d’œil ici et là. Outre le croisement entre Harry Potter (notre bien attachant trio Akko/Lotte/Sucy), Tolkien (le vol de la pierre magique par les dragons) et My Little Pony les amis c’est magique, plusieurs épisodes deviennent aussi divertissant pour les gaffes et autres maladresses de la pourtant non moins passionnée et persévérante Atsuko Kagari/Akko (si on fait abstraction de son obsession parfois lourde de glorifier son idole Shiny Chariot) et de ses amis. On peut aussi bien voyager dans le subconscient de Sucy et assister à la diffusion mentale de ses souvenirs sous forme de vieux cartoon des 20’s que voir la saga Twilight devenir un énorme phénomène de mode chez les sorcières tout en servant de belle morale sur la liberté créative de son auteur harcelé par des fans mécontent de son travail (oui, Trigger a trouver le moyen d’utiliser Twilight à bon escient : j’extrapole pas, ces mecs sont des putains de héros).


Seuls vrais bémols entachant le fonctionnement de Little Witch Academia : c’est le manque de poids des enjeux qui se fait ressentir dans la deuxième moitié d’animé malgré la présence du fil rouge assez évident. On s’attarde à développer un peu plus l’entourage d’Akko à travers sa quête, jusqu’à l’arrivée du dernier quintuple d’épisode mais même en ayant connaissance de l’éventuelle menace elle prend effet un peu tard pour qu’on ressente cet épée de Damoclès pesant sur un monde de magie vieillissant et passé de modes pour de simple mortel sans talent particulier pour la magie.


Je ne demande pas non plus à avoir quelque chose d’aussi délirant et dantesque que Kill la Kill, on ne réitère pas forcément deux fois la même prouesse mais au moins une notion de gravité qui arrive à atteindre un sommet qui s’ancre dans notre esprit quand on suit une série. C’est bien dommage qu’on n’ait pas suffisamment ça parce qu’à côté tout le petit monde de l’académie de Luna Nova est des plus plaisant : Akko et Diana Cavendish les premières de la même façon que l’étaient Ryuko Matoi et Kiryuin Satsuski dans Kill la Kill, Lotte pour sa timidité mais pas moins passionnée par ce qu’elle aime, Sucy la Hermione Granger gothique spécialiste des potions tordues, l’extravagante et moderne Meridies Croix, Amanda la fonceuse et ses deux comparses ou encore la tutrice qui se veut effacée Ursula


(qui se révélera être Shiny Chariot, capable de déployer un sabre laser de Star Wars pour combattre son ancienne meilleure amie, purée ça aussi c’est ultra cool).


A noter que le doublage belge est de très bonne facture, la qualité visuelle de l’animation de Trigger n’étant pas à discuter, les deux principaux génériques d’ouverture dynamique et que la qualité musicale de la bande-sonore contribue à rendre ce monde de magie en perdition aussi charmante que touchante lorsque la situation exige de délaisser le comique pour faire vivre ses sorcières (épisode 23 : indéniablement mon favori). Sans oublier l’indispensable ingrédient d’un grand final d’animé Trigger :


le combat final dans l’espace avec la démonstration ahurissante visuelle de l’équipe du studio, et le soutien du peuple (ah si, toujours ! Si t’es de chez Trigger mais que t’as pas un combat final dans l’espace ou une autre dimension, t’es pas un bon) !


Si on oublie quelques rares trous scénaristiques et ce souci de poids en terme d’enjeux, Little Witch Academia montre la voie à suivre par Trigger déjà entamé avec leur première série. Capable de partir d’un concept simple et revu ou atypique et déjanté pour en tirer le potentiel sous bien des aspects, bien qu’à l’image de leurs héroïne Ryuko et Akko : imparfaite mais passionnée. Nous verrons si DARLING in the FRANKXX diffusé actuellement au Japon confirmera les espoirs à placer dans le studio.

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