Jessica Jones n’est pas là pour sauver le monde. Elle est là pour tenir debout, survivre, et parfois foutre des coups de poing dans des portes. Ancienne super-héroïne recluse, détective privée alcoolo et borderline, Jessica est surtout une survivante. Et c’est cette radicale honnêteté qui bouleverse : la série ne parle pas de pouvoirs, elle parle de pouvoir. De celui qu’on vous prend. De celui qu’on vous vole. De celui qu’on vous rend.
Le vrai monstre, c’est le contrôle.
Kilgrave : le cauchemar absolu, incarné à la perfection par David Tennant. Dans la galerie des grands méchants de série, Kilgrave est un sommet de terreur banale et sophistiquée. Et si ce personnage fonctionne à ce point, c’est grâce à la performance hallucinante de David Tennant. Loin du cabotinage Marvel classique, Tennant joue à contre-emploi, glissant entre charme glacial, caprices d’enfant-roi et sadisme quotidien. Chaque mot qu’il prononce est une menace douce, chaque sourire un viol mental déguisé en blague anglaise. Il incarne le pouvoir de l’homme qui se croit tout permis, et le sadisme narcissique poussé à l’extrême, avec un naturel terrifiant. Il ne crie pas. Il insinue. Il ne frappe pas. Il commande, et les autres s’exécutent – parfois jusqu’à la mort. Et c’est justement cette banalité de la violence, cette aisance du contrôle, qui fout la chair de poule. Tennent réussit un tour de force : nous faire ressentir ce que c’est que de vivre sous l’emprise. À travers ses silences, ses regards, sa logique perverse, il met le spectateur dans une position de malaise permanent, exactement comme Jessica qui incarne alors la résilience brutale et anti-héroïque : pas de rédemption propre, mais des ruines qui bougent encore. On suffoque. Et c’est brillamment joué.
Un polar urbain sous tension constante
La réussite de Jessica Jones, c’est aussi son rythme de série noire SF haletant.
Un New York sale, nocturne, à hauteur de regards perdus et de néons fatigués.
Chaque épisode est tendu, sans répit, mêlant thriller psychologique, enquête crade et affrontements intimes.
Un récit de trauma collectif et de sororité éclatée
Jessica n’est pas seule. Elle est entourée de femmes fortes, ambivalentes, parfois brisées elles aussi.
- Trish, sœur médiatique en quête de contrôle
- Jeri, avocate lesbienne implacable, aussi toxique que brillante
- Et toutes celles qu’on croise au détour d’une enquête, victimes silencieuses ou résistantes en rage.
La série ne moralise jamais. Elle déplie la complexité des liens féminins sous emprise, en colère, en reconstruction.
Conclusion :
Jessica Jones n’est pas une série de super-héros. C’est une série sur les survivantes. Celles qui ont vu le monstre, parfois l’ont aimé, parfois n’ont pas eu le choix. Et qui décident, un jour, de l’affronter, à la rage, à la main nue.
Ça fait mal. Ça fait du bien. Et ça reste.