Il arrive qu’une série parte d’une idée forte, d’un concept original, et pourtant ne parvienne pas à le transformer en œuvre marquante. C’est exactement ce que j’ai ressenti devant Monday Mornings, série médicale diffusée en 2013 sur la chaîne TNT. Créée par David E. Kelley (à qui l’on doit Ally McBeal ou The Practice) et inspirée du roman de Sanjay Gupta, elle promettait une plongée brute et sans fard dans l’univers impitoyable des erreurs médicales. Malheureusement, l’impact espéré reste trop souvent en surface.
Le postulat de base est pourtant captivant : chaque lundi matin, les médecins doivent justifier leurs erreurs devant leurs pairs, dans une salle où l’empathie cède parfois la place à la froideur clinique. Ces scènes – les fameuses "Monday Mornings" – sont parmi les plus réussies de la série. Intenses, tendues, elles mettent en lumière les dilemmes moraux et la pression constante du milieu hospitalier. Dommage qu’elles soient reléguées au second plan, presque comme une ponctuation d’épisodes aux intrigues souvent classiques.
Alfred Molina incarne avec brio le redoutable Dr. Hooten, figure d’autorité qui domine chaque apparition. Pourtant, autour de lui, les autres personnages semblent moins fouillés. On les devine plus qu’on ne les découvre. Les arcs narratifs manquent d’ampleur, les enjeux personnels restent flous, et cette distance finit par affaiblir l’attachement émotionnel. On observe, mais on ne vibre pas.
La réalisation fait le choix de la sobriété, ce qui aurait pu être un parti pris élégant. Mais faute d’une vraie identité visuelle ou d’une ambiance marquante, la série finit par se fondre dans un paysage déjà bien rempli. Elle manque de cette singularité qui fait qu’on se souvient d’une œuvre, même imparfaite.
Les thématiques abordées – responsabilité, culpabilité, éthique médicale – sont riches. Mais Monday Mornings les survole plus qu’elle ne les explore. L’ensemble donne l’impression d’un brouillon prometteur, d’un projet ambitieux mais inabouti. Il y a de la matière, il y a du fond, mais le traitement manque de souffle et de prise de risques.
Monday Mornings avait tous les outils pour marquer les esprits : un angle original, un bon casting, des enjeux profonds. Mais elle n’en fait jamais vraiment quelque chose de mémorable. Elle reste correcte, mais décevante – une série qui dissèque, oui, mais sans jamais réussir à inciser l’émotion.
Ma note : 5.5/10 – Une promesse à moitié tenue, un potentiel trop peu exploité.