La force de la série d’anthologie Monstre, c’est sa capacité à se renouveler astucieusement. Pourtant, vu le tueur abordé cette saison, je m’attendais à une ambiance proche de celle de la saison originelle consacrée à Jeffrey Dahmer. Il n’en est rien — pour le meilleur comme pour le pire.
Après le malaise palpable du glaçant Dahmer de la première saison, et l’horreur plus psychologique des frères Menendez dans la seconde, place cette fois à l’énigmatique, mais non moins terrifiant, Ed Gein.
J’ai apprécié mon binge-watching, même si, honnêtement, ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Je pensais retrouver une atmosphère poisseuse et malsaine, dans la lignée de la première saison. Ce qui est, paradoxalement, à moitié le cas. Certaines scènes flirtent clairement avec le malaise — notamment celles liées à la nécrophilie — mais dans l’ensemble, je m’attendais à quelque chose de plus trash, de plus gore. Ce n’est pas vraiment un reproche, plutôt un constat personnel.
La grande force de cette troisième saison, c’est le parallèle que le scénario établit entre les actes abominables de Gein et l’industrie hollywoodienne, qui s’en est largement inspirée pour donner naissance à des films devenus cultes. La série effectue ainsi plusieurs sauts temporels pour nous plonger dans les coulisses de Psychose et de Massacre à la tronçonneuse. On y découvre le lourd héritage que le tueur a laissé sur ces œuvres et leurs créateurs : Hitchcock (remarquablement interprété par un Tom Hollander méconnaissable), Anthony Perkins ou encore Tobe Hooper.
Le seul vrai bémol de cette approche scénaristique, c’est qu’elle s’éloigne parfois trop longtemps du quotidien de Gein, désamorçant par moments l’atmosphère dérangeante installée dans sa ferme.
Charlie Hunnam (que je ne connaissais pas vraiment avant) est excellent dans le rôle de cet homme profondément dérangé. Laurie Metcalf, dans le rôle de sa mère, est quant à elle terrifiante.
Quant à la véracité des faits, difficile de trancher. Je ne suis ni historien ni chroniqueur judiciaire, mais qui, aujourd’hui, peut prétendre reconstituer à l’identique les actes d’un homme isolé dans sa ferme des années 50 ? C’est tout bonnement impossible.
En résumé, une troisième saison satisfaisante, bien qu’étonnamment déroutante, tant elle met davantage l’accent sur l’héritage culturel de Gein et la fascination morbide du public pour les tueurs en série que sur le tueur lui-même.