Cette nouvelle saison de Monster se concentre sur la figure d’Ed Gein, criminel dont l’histoire a nourri une grande partie de l’imaginaire horrifique du cinéma. La série exploite avec justesse l’impact dévastateur de son éducation, en particulier la relation toxique et destructrice avec sa mère, personnage central de son développement psychologique. L’atmosphère y est lourde, étouffante, et relève avec précision comment isolement, culpabilité religieuse et manipulation émotionnelle peuvent façonner un individu fragile en meurtrier.
La partie la plus réussie de la série tient dans la manière dont elle met en perspective l’héritage culturel d’Ed Gein. On comprend mieux comment Psychose, Le Silence des Agneaux ou Massacre à la tronçonneuse ont puisé dans cette affaire pour construire des monstres de fiction. Ce lien entre réalité et imaginaire est passionnant, et rarement mis en lumière avec autant de clarté.
Cependant, la faiblesse majeure de cette saison réside dans l’introduction d’un arc romantique fictif avec Adeline. En cherchant à humaniser Gein, la série atténue la gravité de ses crimes. Ce choix scénaristique déplace l’empathie vers le bourreau au lieu de la maintenir sur les victimes. Or, lorsqu’on traite de faits réels, ce basculement est lourd de sens. Il entretient une fascination dangereuse pour la figure du tueur, au détriment de la mémoire de celles dont la vie a été volée.
En ce sens, la série est intéressante, mais éthiquement glissante. Elle éclaire, mais trouble. Elle raconte, mais oublie.