Eparpillé façon puzzle

Mon titre facile est un hommage aux "Tontons Flingueurs", même si çà n'a aucun rapport, je me suis fais un petit kiff perso. Nine Puzzles est thriller policier qui sans révolutionner le genre, s'avère assez efficace dans sa narration. Dans un format plutôt inédit (11 épisodes) il permet de poser des bases solides et d'étoffer non seulement les personnages mais aussi l'intrigue. Ce drama n'est pas sans rappeler des scenarii de films américains basés sur le travail de l'Actor Studio. Cela parait flagrant quand on observe bien la façon dont sont dirigés les comédiens et dans leur façon de jouer. On pourrait ajouter un certain feeling avec les polars japonais des années 90/2000 dans le schéma de construction.

Le point de départ est le suivant: il y 10 ans, l'oncle de Yoon YiNa(Kim Da-Mi), un commissaire de police respecté, est assassiné chez lui et elle est la seule témoin du crime. D'abord soupçonnée, elle est disculpée fautes de preuves. 10 ans plus tard, devenue profileuse criminelle, elle va retrouver le lieutenant Kim Han-Saem(Son Suk-Ku) qui l'avait justement accusé de ce meurtre à l'époque. Ils vont être contraints de travailler ensemble pour résoudre un mystère autour d'un tueur en série, qui prend sa genèse lors de l'assassinat de cet oncle et qui laisse derrière lui, comme seul indice, un morceau de puzzle à chaque meurtre commis. En fouillant dans le passé, ils vont déterrer pas que des cadavres, mais aussi une véritable machination qui tourne autour d'un complexe résidentiel.

Ce suit séduit en premier dans cette série, c'est l'atmosphère qui se dégage, teinté à la fois de mystère et de suspense. Et l'esthétisme sublime n'y est pas pour rien, preuve en est l'introduction. Mais c'est avant tout le tandem, à la fois tout en dualité et en complicité, formé Kim Da-Mi et Son Suk-Ku qui emporte l'adhésion. Ils sont parfaits. Et pourtant je tiens à préciser que je ne suis pas un fan de Da-Mi qui s'insupporte plus qu'autre chose depuis Itaewon Class. Après je ne suis pas dans le déni et je lui reconnais beaucoup de talent. Ces deux policiers que tout oppose au départ (l'âge, le background, la jeunesse, le parcours, etc..), vont devoir naviguer à vue, et celui qui va devoir faire des compromis est Han-Saem, car YiNa a un comportement proche de la sociopathie, avec des troubles psychiques évidents. Attention c'est un pur polar, donc je vous le dis de suite, oubliez la romance, même si elle va souvent taquiner ce flic bourru mais sympathique et droit. Oui la diplomatie et la subtilité dans les rapports humains ce n'est pas la qualité première de YiNa.

Ce qui est très intéressant également c'est qu'on va vous proposer d'entrée trois pistes d'approche possibles, et à moins d'être complètement con et de ne faire attention à rien, vous devinerez qui est derrière tout çà dès le 9e épisode et même avant, le scenario ne dévoilant les raisons de ce tueur en série qu'à la fin. Car tous les différentes enquêtes auxquelles le bureau d'investigation va se pencher au fil des épisodes sont toutes liées les unes aux autres, rien n'est laissé au hasard. Ici ne vous attendez pas à de l'action, il n'y en a quasiment pas, et le titre est explicite, on est dans la réflexion et l'analyse, la profileuse s'avérant être un limier hors pair. Le polar n'est pas seulement une chasse à l'homme pour arrêter un meurtrier avant que le puzzle ne soit terminé, c'est aussi, un peu facilement il faut l'avouer, une énième dénonciation de la corruption du système et ce qui s'y rattache: policier, magistrat, politicien, maitre d'œuvre du BTP, etc.. Le cliché récurrent des riches et des notables contre les gentils "pauvres". Ce raccourci m'a un peu gêné car trop facile.

Nine Puzzles c'est aussi une analyse de rapports humains et de leurs comportements en toute subtilité. C'est pour cela que les nombreux seconds rôles, tous étoffés, insufflent une véritable dynamique dans la narration. Il y a de la complexité par moments, mais dans le bon sens du terme. Et niveau mise en scène, il n'y a rien à redire. Ici pas de minets ou de minettes bien coiffés et maquillés, on est dans le réel, le concret. Et l'avantage de ne pas dépendre d'un Network coréen, c'est qu'il n'y a aucune censure (marque, sang, couteau, etc..), ce qui est appréciable. Et à la fin , vous en viendrez à comprendre, et voire à pardonner les agissements du mystérieux tueur. Je ne veux pas vous spoiler donc je n'en dirais pas plus à son sujet. Petit bémol cependant sur le dénouement qui est un peu trop facile sur certains aspects. Porté par un rythme soutenu et enveloppé par un timbre musical adéquat, ce polar est en définitive une bonne surprise. Il est bien, mais ce n'est pas non plus le chef d'œuvre de la décennie, j'ai déjà vu mieux. En effet, il m'a manqué aussi çà:

En conclusion, Nine Puzzles est un thriller policier solide et captivant, se classant dans les bons polars, mais pas dans les excellents, il faut rester raisonnable, car ça manque de rebondissements et de vraies surprises. Il est très bien amené et bien construit, la fin sombrant un peu trop dans la facilité. Bref, Ça m'a diverti ? Oui. Ça m'a intéressé? Oui. C'était bien joué ? Oui. Je me suis pris au jeu ? Oui. Pour toutes ces raisons je vais légèrement surnoté. Il y aurait eu quelques épisodes de plus, j'avoue que j'aurais baissé ma note. Par contre la fin nous met l'eau à la bouche, car si l'enquête aboutit au bout de 10 ans, une nouvelle s'ouvre avec un autre meurtre et une signature particulière qui d'avère être...

Une saison 2 est à prévoir si le drama est un succès, c'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter.

Maint Theme: Nine Puzzles introduction

Additionnel OST: Wanna Know Our Secret (Porsche Cayenne Theme)