Runaway (The CW, 2006) propose un postulat initial riche de promesses : une famille en fuite, contrainte de dissimuler sa véritable identité après une accusation de meurtre visant le père. Sur le papier, la série coche plusieurs cases du thriller familial et judiciaire, combinant tension dramatique et enjeux émotionnels. Pourtant, à l’analyse, elle peine à concrétiser l’ensemble des dimensions qu’elle amorce.
L’une des principales forces de Runaway réside dans son concept central. L’idée d’une famille ordinaire confrontée à une situation extrême offre un terrain fertile pour explorer à la fois les mécanismes du suspense et la dynamique des relations familiales sous pression. En théorie, le mélange de cavale, de faux-semblants et d’enquête personnelle avait de quoi générer un suspense progressif et soutenu.
Toutefois, l’écriture souffre d’un certain manque de densité narrative. Les scénaristes s’attardent souvent sur des éléments anecdotiques, au détriment d’une montée en tension véritablement maîtrisée. Le spectateur est rapidement mis au courant des enjeux principaux, mais la série peine à renouveler ses péripéties et à approfondir les ramifications psychologiques de la situation. Le rythme reste relativement linéaire, et les retournements de situation, souvent attendus, limitent l’effet de surprise.
Le casting, emmené par Donnie Wahlberg dans le rôle du père accusé à tort, fait preuve de professionnalisme. Chaque membre de la famille possède un profil clairement défini, mais rarement approfondi au-delà de ses fonctions scénaristiques : le père protecteur et combatif, la mère loyale et inquiète, les enfants confrontés aux difficultés de l’adolescence dans un contexte d’anonymat forcé.
On regrette que les dilemmes moraux et les tensions familiales ne soient qu’effleurés. L’occasion était pourtant idéale d’explorer des thématiques complexes : la culpabilité, le sacrifice, la perte d’identité ou la désintégration progressive des repères familiaux. Ces aspects, souvent centraux dans les meilleurs drames psychologiques, restent ici en arrière-plan.
Sur le plan visuel, Runaway adopte une mise en scène classique, fonctionnelle mais sans audace. La photographie et la direction artistique servent correctement le récit sans jamais vraiment participer à la création d’une atmosphère singulière. Là où l’on pouvait espérer une tension visuelle constante, appuyant le climat oppressant de la cavale, la série se contente d’une esthétique télévisuelle standardisée.
Enfin, il est impossible d’évaluer Runaway sans tenir compte de son arrêt brutal après seulement quelques épisodes. Cette annulation prématurée condamne la série à laisser ses intrigues en suspens, accentuant la sensation de frustration et d’incomplétude. Les pistes ouvertes n’ont pas le temps d’être développées, laissant le spectateur sur sa faim et privant la série de l’évolution narrative qui aurait pu lui permettre de gagner en épaisseur.
En définitive, Runaway est une série qui possède de bonnes intentions et des fondations solides, mais qui manque de profondeur dans son écriture et d’audace dans sa mise en scène. Si l’on y décèle des éléments intéressants, leur traitement reste souvent superficiel. Ma note de 6/10 traduit cette impression générale : une série prometteuse dans son concept, honnête dans son exécution, mais qui échoue à pleinement concrétiser son potentiel.