Saving Grace (TNT, 2007) est une série qui intrigue autant qu’elle divise. Derrière un concept ambitieux et des thématiques audacieuses, elle peine parfois à trouver le ton juste, ce qui explique pourquoi je lui attribue une note de 7/10 : un équilibre fragile entre ses qualités indéniables et ses limites notables.
L’un des atouts majeurs de la série réside sans conteste dans l’interprétation de Holly Hunter. Son incarnation de Grace Hanadarko, détective tourmentée et autodestructrice, donne une réelle densité au récit. L’actrice parvient à rendre son personnage aussi exaspérant qu’émouvant, offrant une performance nuancée qui sauve bien souvent les épisodes de la redite ou de l’excès. La relation entre Grace et Earl, l’ange désabusé, apporte une dimension spirituelle originale qui distingue Saving Grace des nombreux procéduraux policiers contemporains.
Cependant, cette originalité est parfois aussi sa faiblesse. La série oscille constamment entre le drame existentiel, la comédie de mœurs et le policier classique sans toujours réussir à fondre ces éléments en une unité cohérente. Certains épisodes semblent manquer de direction, et l’intrigue spirituelle — pourtant prometteuse — s’essouffle par moments, faute d’un véritable fil conducteur solide sur le long terme.
De plus, le traitement des personnages secondaires reste souvent superficiel. Là où la profondeur psychologique de Grace est soigneusement travaillée, ses collègues et proches manquent de relief et servent trop fréquemment de simples faire-valoir aux tourments de l’héroïne. Cette asymétrie dans l’écriture finit par peser sur l’ensemble de la série, limitant son potentiel émotionnel.
La réalisation et la mise en scène, sans être défaillantes, restent globalement classiques. On sent que la série mise avant tout sur ses dialogues et ses thématiques plutôt que sur une esthétique marquante ou une narration visuelle innovante. Cela fonctionne, mais confère à l’ensemble une certaine monotonie sur la durée.
En définitive, Saving Grace est une série ambitieuse qui mérite d’être saluée pour son audace thématique et la performance centrale de Holly Hunter. Mais son incapacité à pleinement maîtriser son mélange des genres et à offrir une vraie constance narrative l’empêche de s’élever parmi les grandes séries de sa décennie. Une série à découvrir pour ses qualités singulières, en acceptant ses nombreux tâtonnements.