Sur écoute
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Série HBO (2002)

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A une réunion de pas alcooliques anonymes on m'appelle je me lève.


-Bonjour, moi c'est James.
-(tous en cœur) Bonjour James !
-J'ai une confession à faire, c'est très dur pour moi.
-(certains au fond du couloir), vas-y on est avec toi !
-Alors voilà, hum, je me lance. Je ne suis pas du genre à regarder des séries
-(un autre au fond), c'est pas grave on t'aime quand même !
-Hum... mais quand j'en regarde une, c'est genre, quelques épisodes de temps en temps. Je suis pas du genre à m'enfiler trois épisodes à la suite, ou en tout cas, c'est quand je suis vraiment en forme. En vérité, il m'est très difficile de faire un top 10 de mes séries préférées car j'ai dû en voir en entier cinq ou six à tout casser. Mais, depuis peu, j'ai fini une série, en entier... ça m'étais pas arrivé depuis longtemps, c'est genre... j'avais envie d'aller au bout, j'avais envie d'en savoir plus. Mais comme toute bonne série, une fois qu'on est allé au bout, bah... c'est fini, et alors là, on... (je pleure).
-(tous en cœur) Courage James !
-Je crois que ça m'étais pas arrivé depuis Breaking Bad en fait. C'est genre, je fini une série et... boom, plus rien, c'est genre « quoi, c'est fini ? J'en veux encore ». Mais faut voir la vérité en face, j'ai plus rien à me mettre sous la dent. La série en question, c'est The Wire.
-(un gars au fond) si t'as fini sur The Wire, tu peux enchaîner sur Threme et sur The Corner, c'est toujours David Simon et c'est vraiment bien aussi.
-Ah...


ça faisait un bon bout de temps que j'avais pas autant apprécié une série. Vous savez, pour moi, ça a été très passager. J'ai commencé à en regarder avec Breaking Bad et après... prout. J'en regardais de temps en temps, et c'était vraiment rare de trouver quelque chose d'aussi bon que le chef d'oeuvre de Vince Gilligan. House of Cards, Broadchuch, True Detective, j'adore ces séries, je les trouve absolument génial, mais jamais je n'ai ressenti autant de passion et de hargne que devant Breaking Bad, jusqu'à ce jour merveilleux.


«  Je m'en souviens comme si c'était hier... c'était un dimanche. J'étais dans un vide grenier, je préparais mon stand, et je regardais celui derrière moi. La personne vendait plein de blu-ray et de DVD, et c'est là que je l'ai trouvé... Six euros l'intégral, 9,1/10 sur SensCritique soit la seule série mieux notée que Breaking Bad. L'avais-je trouvé ? Le Saint Graal ».


A vrai dire, The Wire m'a a moitié emballé dans ses débuts. J'étais conscient de la qualité du scénario, conscient du potentiel que représentait les personnages mais... ouah putain, y en a vraiment plein. A tout cassé, j'arrivais à retenir McNulty, puisque c'était un peu le personnage principal, Cedric Daniels, parce que c'était le grand black avec un voix super grave, et Rawls parce qu'il était campé par John Doman qui jouait déjà Falcon dans la série Gotham. Et comme Falcon c'est le meilleur personnage de Gotham avec le pingouin, bah le nom de Rawls est rentré tout seul dans ma tête.
Mais sinon, c'était le flou absolu. Merde, c'est qui lui ? Et lui ? Et elle ? On enchaînait tout un tas de personnages des fois campés par des acteurs connus mais que je ne reconnaissais pas du premier coup d’œil (je me suis rendu compte de la présence d'Idris Elba au bout de la deuxième saison). Et là, j'étais en train de me dire : «  oh mon dieu, ça me fait comme pour Game Of Thrones, trop de personnages, trop d'intrigues, trop, trop trop... ».
Et un jour, quand j'en parle avec des potes (peu de personnes dans mon lycée ne connaissaient cette série 2002 c'est trop vieux diront certains), mon prof de ciné se retourne et me dit « vous parlez de la meilleure série du monde ! ». Alors là, il m'a donné les clés pour comprendre The Wire, comment bien accrocher à la série et comment saisir toutes les subtilités de cet ovni. Et là, c'est le tilt, les intrigues s'enchaînent, mais je les comprends, toutes. Tous les personnages, j'arrivais à retenir leurs noms, leurs positions, leur rôle et là, je pouvais enfin comprendre The Wire, et que ce fût bon.
Tout le monde l'a dit maints et maints fois, The Wire, c'est une chronique sur la criminalité à Baltimore avec pour base, une brigade de policier. De cette base aussi simple que parfaitement exploitée, le scénario part du côté des criminels, et on a ainsi le point de vu de ces personnages. Puis on va voir ceux qui arpentent la rue spectateur de tout ce bordel, puis on va voir du côté de la politique, du côté du port, du côté des écoles, puis de la presse.
En cinq saisons, The Wire fait le tour de la question, aborde tous les sujets possibles pour qu'on puisse nous-même avoir les clés et comprendre le contexte géo-politique de la ville de Baltimore. Une ville majoritairement noire, sommet du crime, où on falsifie les statistiques policières pour se faire réélire, et où chacun tente de survivre dans cette jungle urbaine impitoyable. The Wire est à la fois un excellent cours de géo-politique et de sociologie, mais c'est également une série passionnante sur le crime, la légalité et la mince barrière qui sépare ces deux mondes. C'est fascinant ! C'est ce que je me disais à chaque épisode, voir de quelle manière tel agent de police trouvait ses pistes, voir de quelle manière le maire de la ville faisait du chantage au commissaire pour falsifier les statistiques. Non seulement, The Wire offre cette vision d'une ville pourrie, mais apporte également son lot de réflexion.
Je pense surtout à la quatrième saison qui pousse à réfléchir comment le système scolaire amène involontairement les jeunes à la rue. The Wire montre les failles du système américain avec subtilité et réussite.
C'est peu dire à quel point on en ressort enrichit par cette série, fasciné par la complexité du scénario et la façon dont chaque personnage est parfaitement exploité, écrit et interprété.
En bref, The Wire est un chef d’œuvre. Ce n'est pas une série ordinaire, c'est une série exigeante qui réclame de l'attention, qui force son spectateur, mais une fois celui-ci investit, il ne peut que profiter de toutes les qualités de cette merveille.
Je suis heureux d'avoir pu découvrir cette série dans ma vie, et elle vient de marquer ma vie de cinéphile.

Créée

le 31 mars 2018

Critique lue 272 fois

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James-Betaman

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