The Good Place
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The Good Place

Série NBC (2016)

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Contrairement à beaucoup de personnes, je ne me suis mise que très récemment aux séries américaines. La plupart que je connaissais ne me parlaient pas ou je ne prenais pas le temps de les regarder. En me ré-abonnant à Netflix c’était l’occasion de m’essayer à quelques séries dont j’avais eu des échos comme The Good Place. Présentée comme l’une des meilleures comédies qui soit, son pitch de base m’interpellait. Si j’ai commencé par curiosité, j’ai fini par la dévorer, dans son intégralité, en quelques semaines. Retour sur cette série découverte sur le tard.


Eleanor Shellstrop est décédée et se retrouve au Bon Endroit : le lieu où sont réunis les âmes des personnes les plus pures. Équivalent donc des Champs Elysées, voire du Paradis, le Bon endroit est tel un club VIP où ne se retrouve que le meilleur de l’humanité. Le quartier où le destin l’a mené est dirigé par Michael, un Architecte tout juste promu qui joue le rôle du dirigeant du quartier, tel un maire veillant sur ses ouailles. Le Bon Endroit se présente comme un lieu où tous vos désirs sont exaucés sur simple demande, jusqu’à votre demeure construite selon votre idéal. Les habitants sont même mis en contact avec leur âme sœur.


Tout semble prometteur sauf que Eleanor n’a jamais été une bonne personne et considère qu’on l’a mené ici par erreur. Refusant de révéler la vérité, elle va tout faire pour continuer son existence post-mortem incognito.



Tout est une question de bonus et de malus



Le système de la vie après la mort présenté par The Good Place prend le parti de ne se placer dans aucune religion. Michael explique même à Eleanor que chaque croyance a raison, en partie, sur ce qu’il existe réellement après la mort. Durant toute sa vie, chaque action d’un humain rapporte, ou retire, des points. Le total comptabilisé permet d’envoyer les âmes les plus charitables au Bon Endroit, les pires au Mauvais Endroit. Ce dernier se présente comme un Enfer de tourments, parfait reflet inversé du Bon Endroit. Vous vivez dans une demeure à l’image de vos cauchemars, les démons vous torturent continuellement et on vous nourrit avec ce que vous détestez le plus.


Un système qui permet au spectateur de rapidement en cerner les codes tout en conférant à cet univers des allures de bureaucratie très codifiée. Un élément qui sera davantage développé par la suite, et que je tairais pour ne pas spoiler l’évolution de la série.


La vie au Bon Endroit se présente comme un camp de vacances perpétuel. Une IA, nommée Janet, répond aux moindres sollicitations des habitants que ce soit un désir subit d’excursion, de plat à dévorer ou de question sur les secrets l’univers. Janet est une véritable encyclopédie qui participe, en plus, au maintien du quartier.


Les bases de l’univers étant exposés, il est temps de présenter plus en avant les protagonistes principaux.



Une assemblée d’âme disparates



Si vous pensiez que Eleanor est simplement une femme qui possède quelques défauts, vous êtes bien loin du compte. Eleanor Shellstrop se présente comme une trentenaire posant sur la société un regard acide. Refusant d’être blessée par autrui, c’est elle qui attaquera la première. Sa confiance n’est placée envers personne et ses rares ami(e)s ont été perdu(es par son égoïsme, ou sont lié(e)s à elle par hypocrisie.


Eleanor est elle-même consciente de ses travers mais n’aura rien fait, de son vivant, pour changer. la série n’est nullement tendre envers elle et nous présente une anti-héroïne qui cumule les travers. Lors des premiers épisodes, Eleanor déclenche problème sur problème tenant un discours virulent sous l’effet de l’alcool durant une soirée, par exemple.


La verve d’Eleanor s’accompagne de nombres de jurons. Mais, Bon Endroit oblige, les injures sont bannies en ce lieu. Ils sont remplacés par d’autres termes. Ainsi, en VF, “merde” devient “merle”, “putain de merde” se transforme en “pain de bretzel”. En plus d’en faire un ressort comique, cet élément scénaristique joue avec la censure.


L’âme sœur de Eleanor, du moins jugée ainsi, Chidi Anagonye a de quoi faire avec une telle compagne post-mortem. Professeur de psychologie, c’est vers lui que va se tourner Eleanor afin qu’il lui enseigne la morale et lui apprenne à devenir une meilleure personne. Très attaché justement aux principes de la moralité sur lesquelles il avait établi une thèse, Chidi aidera Eleanor, partagé entre son envie d’encourager une personne voulant s’améliorer et celle de révéler la vérité à Michael.


Chidi lui-même n’est pas un personnage entièrement exemplaire. Son plus gros défaut réside dans son incapacité à prendre des décisions. Pesant toujours le pour et le contre, Chidi pousse l’indécision à son paroxysme. Il est ainsi incapable de se décider entre simplement deux parfums de muffins ou, plus jeune, n’a pas su se constituer une équipe de football à la récré car il fallait prendre en considération la sensibilité de chacun et la portée de ses actes.


Voisine de palier de Eleanor, Tahani Al Jamil semble tout droit sortie d’un magazine de mode. Fille d’une riche famille, la jeune femme a passé sa vie à graviter au sein des hautes sphères de la société. Tahani aura toujours un nom de célébrité à mentionner que ce soit Elon Musk en tant qu’ami à qui elle a soufflé l’idée d’effectuer un acte percutant dans l’espace (ce qui donnera le fameux envoi de la voiture) ou encore Ben Affleck qui l’a appelé pour se vanter de son rôle dans le prochain Batman.


Au début de la série, Tahani se présente comme un personnage insupportable de par son aptitude à citer toutes ces célébrités en tant qu’amis, exposant ainsi son standing de vie aux visages des autres sans se rendre compte combien cela peut être blessant. Elle est douée en tant qu’organisatrice de fêtes dans sa demeure digne d’un palais, est raffinée, cultivée et a passé son existence à mener des actes de charité de par le monde.


Néanmoins, cette image d’icône n’est qu’une façade masquant une profonde fragilité. Sous ses allures de femme parfaite, Tahani dissimule les fêlures causées par des parents qui n’ont eu de cesse de mettre elle et sa sœur, Kamilah, en rivalité. Depuis enfants, les deux sœurs ont dû répondre aux exigences de leurs parents qui, de leur côté, ont fini par idolâtrer Kamilah au point de toujours critiquer Tahani quoi qu’elle fasse.


Âme soeur de Tahani, Jianyu Li se présente comme un être aux antipodes de sa promise mais dont les qualités peuvent apaiser les défauts de Tahani. Là où la jeune femme se monte volubile, Jianyu oppose son vœu de silence effectué en tant que moine et dont il n’a pas voulu se défaire après sa mort. Sauf que c’est là un faux semblant. On en apprend la réalité au début de la saison 1. Prenant contact avec Eleanor, Jianyu, connaissant la vérité sur la femme, lui révèle son propre secret : lui aussi a été emmené au Bon Endroit par erreur.


De son vrai nom Jason Mendoza, l’homme est montré, de prime abord, comme le personnage comique du groupe. Là où les autres protagonistes possèdent un certain bagage culturel (Tahani celle de son éducation de haute bourgeoisie, Chidi son passé de professeur de philosophie et Eleanor des connaissances tirées de la pop culture) Jason est un individu ayant vécu dans les bas-fonds de Jacksonville, en Floride. Vivotant en misant sur son rêve de devenir DJ, Jason offre le profil d’un homme peu cultivé, s’y connaissant plus en trafics et braquages qu’en culture G.


Pour autant la série arrive à développer ce protagoniste, le sortant de son statut d’individu à la bêtise crasse, juste bon à apporter de l’humour de par ses propos en décalage avec la situation. Il va même prendre plus d’importance au fur et à mesure de l’avancée, tissant avec un autre protagoniste une relation très touchante. Jason aura même droit à quelques moments de gloire où ses réflexions, si elles sont exprimées avec moins de forme que les autres, touchent juste. Je pense notamment à un épisode où il tâche de faire comprendre que tous les humains ne commencent pas avec les mêmes chances et que certains peuvent commettre des erreurs par manque de connaissance, et non par pure volonté de nuire.



Une critique sur la société



Si The Good Place débute dans le quartier dirigé par Michael, la série va amener le groupe à fréquenter d’autres endroits apportant ainsi des éclaircissements sur la gestion du monde après la mort. D’autres protagonistes viendront s’ajouter à ce casting présenté plus haut que ce soit des antagonistes en les personnes des démons du Mauvais Endroit ou des individus à l’allégeance trouble comme une certaine avocate dont le statut particulier l’a placé entre les deux Endroits.


Sans compter le développement assez surprenant de Michael et Janet. Je pense d’ailleurs que cette dernière est mon protagoniste favori de la série : une IA pouvant faire preuve de cynisme et exprimer des sentiments humains tout en demeurant un programme dont l’attitude est en décalage avec le reste du groupe.


Catégorisée humoristique, je considère que The Good Place se situe même dans la comédie dramatique. Le ton de la série vire bien souvent dans le caustique avec des sarcasmes non dissimulés au comportement humain dans tout ce qu’il peut avoir de plus vil, mais aussi dans la société actuelle. Les multiples références aussi bien à l’actualité qu’à la pop-culture sont autant de moyen de relier les personnages à nous et de nous interpeller.


Là où des séries étirent leur concept jusqu’à user la corde, The Good Place met fin brillamment à son récit. Le final nous amène à faire nos adieux à chacun des personnages tout en concluant l’histoire sur une note douce-amère. Je n’en dirais pas plus pour que chacun(e) puisse découvrir la série avec toutes les surprises qu’elle recèle.


Après avoir visionné cette série, je comprends son succès. Elle traite de multiples sujets et son humour permet aussi bien des moments de franche rigolade que de souligner les travers humains. Chaque saison arrive à relancer l’intrigue sans l’appesantir, apportant un renouvellement dans l’intrigue. Les protagonistes sont humains à savoir pétris de défauts et de qualités. Le casting est diversifié aussi bien au niveau des acteurs que des protagonistes : du quatuor, Eleanor est la seule caucasienne. Qui plus est, celle-ci exprime, à plusieurs reprises et naturellement, sa bisexualité. Et personne n’exprime la moindre critique à ce sujet.


Pour les connaisseurs, c’est Michael Schur qui est derrière la production et à qui on doit, notamment, The Office et Brooklyn Nine-Nine. Deux séries tout aussi populaires par leur humour et même pour les multiples dérivés de meme et gif reaction dans le cas de The Office.


Et vous, mériteriez-vous de finir au Bon Endroit ?

So-chan
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Créée

le 27 nov. 2020

Critique lue 561 fois

So-chan

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