The Heike Story
7.5
The Heike Story

Anime (mangas) FOD (2021)

La série la plus japon-core de l'année 2021

Parmi les anime les plus attendus de la saison d'automne 2021 figurait The Heike Story qui cumule l'exploit d'être à la fois un OVNI tout en étant hyper-classique.


Hyper classique parce que ça se base sur un récit historique du XIIe siècle, le Dit des Heike (ou Heike Monogatari) racontant, du point de vue de la famille Heike, la lutte entre les clans Minamoto et Taira pour le contrôle du japon. C'est du pur fait historique, avec ses personnages célèbres, ses batailles et les vêtements de l'époque.


Et c'est un OVNI parce que l'anime a été diffusé sur une fenêtre de tir assez anormale : du 16 septembre au 25 novembre. Là où la saison d'automne dure plutôt de début octobre à fin décembre. Ensuite, parce que l'anime est diffusé à l'international sur cette date là et ne sera diffusé officiellement au japon qu'en janvier prochain... ce qui est une première.


Ha, et il est développé par un studio Science Saru, le studio de Masaaki Yuasa (Devilman Crybaby, Eisoken, Lou et l'ile au Sirène) mais pourtant pas dirigé par lui mais par Naoko Yamada (K-On!, Tamako Market, A Silent Voice, Liz et l'oiseau bleu, etc.... ) rescapée de Kyoto Animation, mais j'en reparle plus bas. D'ailleurs, le côté OVNI est un peu confirmé par l'Ending qui a des accents de musique électroniques bizarres à la Aphex Twin. A noter que la version complète de la chanson d'Ending et celle du chouette Opening sont introuvables. (Ils sont sortis en janvier lors de la diffusion de l'animé au japon.... rajout de mars 2022)


L'animé est beau a s'en claquer le cul par terre. Sans aller sur le détail extrême, l'animé garde un style très contemplatif, qui souligne encore plus son côté "japon ancien" : on s'attarde sur les fleurs qui poussent, sur les oiseaux qui passent, les paysages. Tout en gardant un côté très simple, The Heike Story montre de superbes arrières plans travaillés, un chara-design rondouillard qui s'adapte assez bien à l'histoire (certains personnages ressemblent assez aux estampes japonaises qui les décrivent.)


Par contre, on sent que ça reste de l'animation et mis à part quelques exemples assez rares, la plupart des batailles sont elipsés, et c'est de là que va venir mon seul point noir : j'ai décroché plusieurs fois à l'intrigue (notamment celles des premiers épisodes) tant les événements racontés passent très vite. On passe en l'espace du même épisode du "on chante avec l'empereur retiré" à "l'empereur veut notre peau" à "les messagers sont arrivés, on a perdus la bataille." C'était assez déstabilisant, rajouter à cela des personnages dont le chara-design se ressemble (deux personnages chauves... mais ils l'étaient historiquement) et des noms ressemblant, et moi, l'occidental, j'étais paumé.


Heureusement, la beauté de l'animé m'a donné envie de m'accrocher et puis ça se décante vers la fin (surtout lorsqu'il ne reste plus grand monde et que la catastrophe annoncée se fait plus précise.) Et surtout, l'animé a toujours un repère avec le personnage de Biwa, une protagoniste inventée et joueuse de... Biwa qui suit l'histoire des Heike dont elle a vue le destin funeste. (Par contre 2021 c'était l'année des yeux vairons dans les anime, je ne sais pas pourquoi.) C'est une sorte de mise en abîme intéressante lorsqu'on sait que le Dit des Heike est chanté par des joueuses de biwas traditionnelles. Biwa est donc comme nous, spectatrice tout en sachant plus ou moins ce qui va arriver par la suite, tout en étant de basse condition, ce qui permet de montrer aussi à quel point la dure condition des japonais, qui subissent de plein fouet les guerres créées par les nobles.


On suit donc une famille que l'on sait voué à la chute et c'est en cela que le fait que ça soit une oeuvre de Naoko Yamada entre en résonance avec le récit. (Et je remercie le podcast Le Comité des Saisons pour m'avoir donné cette clé de lecture.) Il y a deux ans, le studio Kyoto Animation a pris feu suite à un incendie criminel, dont l'instigateur était un fan jaloux de ne pas avoir été embauché. Plusieurs animateurs ont péris, mais Yamada a survécu. Et c'est au final, une façon de renvoyer à cette tragédie : Biwa sait que ces gens vont périr mais elle reste auprès d'eux afin d'honorer leur mort. Il y a aussi une discussion finale entre l'Empereur et Tokuko : celui-ci a voulu effacer le nom des Heike, mais par son geste, ils resteront immortels à jamais à travers les récits.


Du coup, il en restera pour moi une expérience marquante : un animé qui pour nous autre occidental pose pas mal de barrières très japonaises (un récit connu) mais qui fascine pour ces mêmes raisons. Il entre d'office dans mes animés les plus marquants de l'année.

le-mad-dog
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le 26 nov. 2021

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