Ce n'est pas une série, c'est du cinéma

J'ai toujours entendu comme quoi Twin Peaks était l'oeuvre majeure de David Lynch. Ayant vu et adoré la quasi-totalité de ses films, j'avais du mal à me dire qu'il avait produit quelque chose de mieux que Mulholland Drive, Sailor & Lula ou même Eraserhead qui sont, pour moi, ses trois plus grands chef d'oeuvre. Ainsi, malgré un synopsis assez simple : un meurtre a eu lieu dans une petite ville et le fait que je n'ai jamais été un grand amateur de série, Twin Peaks a toujours attiré ma curiosité. Et je dois dire que heureusement j'ai eu cette curiosité qui m'a permit de lancer cette série.
Absolument tout dans la série m'a plus ; des personnes aux décors en passant par les musiques (surtout les musiques !).

La première impression que j'ai eu en commençant Twin Peaks était que je regardais un film. Cela, à mon sens, n'était pas dû à la durée du pilote (1h35) mais a la mise en scène. En comparant avec les grands classiques des séries que j'ai vu (Breaking Bad, The Walking Dead, etc...) je sentais une vraie différence. Twin Peaks n'est pas une série où l'on ouvre une intrigue au début et qu'on la ferme à la fin en comblant au maximum ce qu'il y a entre ; Twin Peaks est du cinéma. Elle s'attarde à la vie des habitants de cette ville quasiment un par un peu importe leur rôle. Twin Peaks montre autant les petites querelles entre certains personnages n'étant même pas des personnages principaux, qu'à l'intrigue «principale». Je pense par exemple aux épisodes où l'on suit les mésavantures d'amour entre Andy et Lucy ou bien de business entre Ben Horne et Catherine et où l'on en oubli presque qu'il y a des forces malfaisantes dans la même petite ville. David Lynch prend soigneusement le temps de montrer toute l'histoire des personnages de Twin Peaks.

De plus, que ce soit dans les relations ou dans les évènements, les personnages parle constamment du passé : chacun évoque sa relation avec Laura Palmer, faisant quasiment vivre le personnage, donnant la sensation de la connaitre alors que pour l'instant on a seulement vu son cadavre ; Catherine et Ben Horne ressassent de nombreuses fois les coups bas qu'ils se sont fait mutuellement. Nous ne sommes pas face à une ville comme une autre où un meurtre à lieu et où on dirait que la vie vient d'arriver en même temps que l'intrigue.
Au delà de tout ça encore, cette série nous permet une immersion exceptionnelle où l'on croit connaitre chacun des personnages parfaitement comme si nous étions de cette ville. On connait les habitudes de chacun, on sait comment les personnages réagiraient face à une situation donnée. Enfaite, Twin Peaks prend même parfois un genre de «documentaire fictif» tellement on nous montre la vie de ses habitants. Cela amène à ce je trouve particulièrement géniale avec cette série : dans la plupart des autres séries, on a un avis sur le personnage principal et les 3-4 autres qui l'entour ; là où dans Twin Peaks, on a une appréciation sur absolument chacun des personnages qui nous sont présentés.

Le plus grand point fort de la série, la qualité suprême de Twin Peaks est selon moi la musique. Pas uniquement dans sa qualité purement musicale mais principalement pour comment Lynch la met en scène. Dès le pilote (si ma mémoire est bonne) on assiste à un dialogue et un concert à lieu derrière. Il n'est absolument pas nécessaire ni à l'intrigue, ni au dialogue en question mais il rend ce qui pourrait être une scène banale en une véritable expérience esthétique. J'aime la manière qu'a Lynch de filmer les séquences de concert. On prend le temps d'écouter l'artiste jusqu'à, parfois, oublier l'intrigue et les personnages présents. Personellement ma scène de concert préféré de Twin Peaks est dans l'épisode 7 de la saison 2 (je crois) «Lonely souls». Je parle de cette scène car elle illustre très bien mon propos. On y voit d'une part l'agent Cooper, le shérif Truman et la dame à la buche et d'une autre James et Donna. Entre les deux, Julee Cruise. Ici, l'artiste enchaine deux musiques que sont «Rockin' Back Inside My Heart» et «The World Spins». Au-delà d'être de très belle chansons, elles s'inscrivent parfaitement dans la série. La première à des paroles parlant d'amour, se reliant à ce que ressent Donna pour James. On la verra même chanter la chanson en regardant James, lui montrant clairement ce qu'elle ressent.

Bref, Twin Peaks est un pur chef d'œuvre de CINÉMA et Lynch reste à mon sens l'un des plus grands voir le plus grand réalisateur américains. Cependant, si l'on prend les épisodes non-réalisés par Lynch (c'est à dire une bonne partie de la saison 2), je trouve qu'on perd un petit peu du génie de la série (ces épisodes n'en restent pas moins très bien).