Epatante, brillante, ultra-référencée, mais parfois agaçante

J'ai mis du temps à me décider à regarder Unbreakable Kimmy Schmidt ... le synopsis ne me donnait pas vraiment envie et j'ai fini par me laisser tenter, à la faveur de bonnes critiques glanées ici et dans la presse.

Je suis ravie d'avoir découvert cette petite pépite télévisuelle, qui regorge de talents : Ellie Kemper est parfaite dans l'interprétation de ce personnage résilient, qui a été enfermé pendant 15 ans dans un bunker avec 3 autres "femmes-taupes" et qui tente, forte de sa naïveté, de sa fraîcheur et son pep's inaltérable, de s'adapter à ce nouveau monde qu'elle ne connaît pas.

Son colocataire, interprété par le très talentueux Tituss Burgess, est un homme à la fois excentrique, brillant, touchant, plein de sensibilité et se fait le parfait écho de la douce "folie" de notre Kimmy. Ensemble, ils apportent une fraîcheur et une joie communicative à chaque épisode.

Mention coup de coeur pour Jacqueline, interprétée par Jane Krakowski, que j'adorais déjà dans Ally McBeal. L'actrice livre là aussi une performance remarquable, de prime abord assez caricaturale et irritante, mais qui dévoile au fil des épisodes : son passé, ses failles, son authenticité ... sous le vernis craquelé de la parfaite épouse, heureuse dans un mariage où son époux n'est en réalité jamais présent.

La série a fini par rapidement m'envoyer dans un tourbillon de bonne humeur, et il est évident que la qualité est au rendez-vous, grâce à une écriture extrêmement brillante et ultra-référencée.

Au bout de quelques épisodes, il est évident que les références pointues se multiplient (cinéma, littérature, politique, couleurs de la décoration, vêtements portés, citations ... ), solidement ancrées dans la culture pop des années 80/90.

Et c'est pour ça, que de mon point de vue, le bât blesse. Au bout d'un moment, je me suis sentie comme dépassée, voire asphyxiée par la multiplication de ces références, me donnant le sentiment frustrant de passer (peut-être?) à côté de l'essentiel. Sous l'apparente légèreté du propos ou tout du moins sa fantaisie, les épisodes regorgent de ces références, ajoutées aux questionnements moraux, intellectuels, la question des choix de vie que l'on peut faire et j'en passe.

Je voulais regarder une série déjantée, décalée, bref ... un peu "je débranche la prise de mon cerveau", mais Tina Fey & Robert Carlock placent selon moi la barre très haut. En vrac :"De quoi parle le film The Breakfast Club ? C'est quoi déjà cette référence mythologique avec Alcibiade ? Pourquoi diable la jeune ado s'appelle Xanthippe ? Bon ça va, je me souvenais au moins de la pub Mentos ! Etc ..." Vous aviez remarqué aussi ? Vous voulez en savoir plus, c'est ICI. (en anglais, et ce ne sont que les références de la saison 1 !)

Après 2 premières saisons ponctuées de coups de folie, de coups de génies et autres fulgurances - je pense notamment au merveilleux Pinot Noir - j'ai le sentiment que la série a poussé le curseur un peu loin, un peu trop loin et risque de se perdre, et me perdre au final.

De mon point de vue, la saison 3 est parfois à la limite du grotesque, même si cela a pour objectif de servir un propos et une réflexion sur notre monde contemporain

J'ose espérer que la saison 4 gardera cette empreinte fantaisiste, délicieusement barrée et in fine atypique, tout en faisant en sorte de ne pas devenir une caricature d'elle-même.

Good Luck Kimmy !