Cette jolie histoire d’amour entre un Japonais et une Coréenne est surtout une histoire de silences. Choi Hong (Lee Se Yeong), étudiante coréenne, part au Japon pour étudier. Elle y rencontre Aoki Jungo (Sakaguchi Kentaro), qui est étudiant en littérature. Leur relation intense s’interrompt brutalement sans explication. Cinq ans plus tard, ils se retrouvent à Séoul : lui est devenu écrivain reconnu, elle dirige une maison d’édition.
Derrière les différences culturelles, le récit explore surtout leurs différences intimes : leur manière d’aimer, d’attendre, de se taire. Les non-dits, les attentes déçues, les émotions étouffées ont laissé place à l’amertume. C’est dans l’absence qu’ils réalisent ce qu’ils ont perdu.
Si Japonais et Coréens partagent certains codes, culte de l’obédience, sens de la propreté, ils divergent sur le plan de la communication. Au Japon, le "non" s’exprime rarement de manière frontale, tout passe par les sous-entendus, les silences, le langage du corps. Pour comprendre les Japonais et surtout ne pas se méprendre sur leurs réactions (j'ai travaillé avec eux dans le passé et je me suis bien prise les pieds dans le tapis) il est essentiel de saisir ce jeu permanent entre Honne (ce qu'ils pensent vraiment) et Tatemae (ce qu'ils montrent). Pour qui prend les mots au premier degré, l’illusion est possible : croire à une approbation quand il s’agit en réalité d’un refus. Il faut alors savoir lire les silences, guetter un regard fuyant, une infime hésitation.
À l’inverse, la culture coréenne valorise la franchise. Le récit joue sur ces nuances sans jamais caricaturer. L’auteur japonais Hitonari Tsuji (Prix Femina étranger 1999 pour Le Bouddha blanc) s'attache aux failles humaines plus qu’aux clivages interculturels.
Leurs retrouvailles réveillent les regrets, mais ceux-ci ne suffisent pas : encore faut-il savoir demander pardon. Et cela demande du courage.
À l’inverse, la culture coréenne valorise la franchise. Le récit joue sur ces nuances sans caricaturer. Le roman a d’abord été écrit par Hitonari Tsuji, puis retravaillé avec la romancière coréenne Gong Ji-young. D’où ce double ancrage : la retenue japonaise, mais aussi une sensibilité féminine et coréenne plus affirmée.
Leurs retrouvailles réveillent les regrets, mais ceux-ci ne suffisent pas : encore faut-il savoir demander pardon. Et cela demande du courage. Jungo qui court et qui livre enfin un texte long, clair, sincère, fait exactement l’inverse de ce qu’il a toujours fait jusque-là (taire, différer). Le fait que la série s’arrête là n’est pas une fuite du scénario mais un choix artistique : le réalisateur rend leur avenir à l’intimité des personnages. L’amour, fragile et tenace à la fois, ne peut être que suggéré et leur histoire, désormais, leur appartient.
La série mise sur l’introspection et l’émotion. La réalisation privilégie les regards, les silences, les gros plans. Les seconds rôles sont soignés, ce qui est rare dans une série aussi courte (6 épisodes d’une heure). Les dialogues sont remarquablement écrits, notamment le texte final de Jungo m’a émue. Certes, le rythme est lent et mélancolique, ce que vient renforcer l’OST avec des titres comme Closer than the Stars (Fromm).
Lee Se Yeong que j’avais découverte et appréciée dans The Red Sleeve est toujours aussi juste montrant parfaitement la détresse derrière la force. Sakaguchi Kentaro, discret et touchant, est une belle révélation.
What Comes After Love montre comment les silences peuvent blesser autant que les mots peuvent guérir. Et que l’amour, pour renaître, doit enfin apprendre à se dire.