Ah, Planta. Ce moment délicat où un groupe autrefois fougueux décide de tailler ses racines pour mieux pousser… vers l’oubli. CSS, qu’on avait connu plus déjanté que ça, semble ici avoir troqué ses couleurs fluo et son énergie punky pour un petit coin d’ombre lounge, arrosé de synthés bien rangés. Résultat ? Une plante verte décorative. Jolie, certes, mais surtout là pour meubler.
Dès les premières notes, on comprend que Planta a envie d’être propre, net, bien peigné. Le son est poli, les compositions bien tenues, presque sages. Trop sages. C’est un peu comme si CSS avait suivi un atelier de "comment faire de la pop indé adulte sans effrayer personne". Et ça fonctionne… au moins sur le plan technique. C’est carré, ça glisse tout seul. Mais au niveau émotionnel ? Disons qu’on reste aussi sec qu’un cactus en plastique.
Ce qui manque cruellement ici, c’est la flamboyance, l’impertinence, cette touche d’absurde qui faisait le sel des débuts. Lovefoxxx semble parfois chanter comme si elle était en mode avion. Et non, ce n’est pas un parti pris artistique. L’énergie électrisante d’albums comme Donkey ou Cansei de Ser Sexy est ici diluée dans une eau tiède d’expérimentations molles. On ne sait pas s’ils veulent faire danser ou méditer sur un nuage, mais au final on reste entre deux chaises – sans la fête, sans la transe, sans le fun.
Soyons justes : il y a quelques titres qui surnagent, comme des feuilles encore un peu vertes au milieu de ce compost pop. Hangover par exemple, ou Teenage Tiger Cat, rappellent que CSS sait encore faire de la musique qui pétille. Mais ce sont des exceptions, pas la règle. Le reste de l’album donne surtout envie de tapoter son pot de fleur en attendant que quelque chose pousse. Spoiler : ça pousse pas beaucoup.
Il faut bien évoluer, d’accord. Mais là, on a l’impression que CSS a voulu grandir… trop vite, et en oubliant d’emporter sa personnalité dans le pot. Ce n’est pas un mauvais album – il est même agréable si on aime les fonds sonores pour brunch dominical – mais il manque cette étincelle, ce déséquilibre charmant, cette capacité à nous surprendre qui faisait leur force.
Planta, c’est un peu comme cette plante d’intérieur achetée avec enthousiasme, arrosée une semaine, puis oubliée sur un coin d’étagère. Pas vraiment morte, pas vraiment vivante. Elle est là, discrète, un peu jolie, mais on ne s’en souvient que quand elle commence à perdre ses feuilles. Un album qui aurait peut-être mérité de rester à l’état de bouture.