Avec There’s No Leaving Now, The Tallest Man on Earth troque les envolées brutes de ses débuts pour une poésie plus intériorisée, presque en retrait. Ce n’est plus le folkman fougueux qu’on retrouve ici, mais un homme en clair-obscur, qui observe le monde — et surtout lui-même — à travers un prisme mélancolique et désarmé.
Les textes, fins et introspectifs, sont la véritable force de l’album. Kristian Matsson y explore les thèmes de l’immobilisme, de la fuite impossible, du doute quotidien. Dans 1904, il évoque les tremblements intérieurs sous des allures de chronique intime : “And though it’s just a dying ember / Maybe it’s the light of something new.” Cette ambivalence constante entre chute et espoir traverse tout le disque.
Plus que jamais, ses paroles résonnent comme des tentatives de dire l’indicible. Bright Lanterns parle de réconfort sans jamais le nommer. Le titre éponyme, lui, creuse le vide existentiel avec pudeur : “There’s no leaving now / Can’t you see I’m grounded?”. L’écriture est précise, jamais démonstrative — mais parfois, trop voilée pour réellement toucher.
Et c’est là que l’album trouve sa limite : à force de subtilité, il laisse parfois le cœur à distance. On admire, mais on frissonne peu. La poésie est belle, mais moins incarnée que par le passé.
Avec ses mots choisis, There’s No Leaving Now capte l’intime avec pudeur et élégance. C’est un journal de bord discret, lucide, parfois trop silencieux pour vraiment bouleverser. Une œuvre sincère, douce, mais qui manque d’éclats pour totalement marquer. 7/10, pour la justesse des mots, mais aussi pour cette impression de rester sur le seuil.