Sorti en 2012, Future This est un album qui semble vouloir concilier les ambitions noise-pop du premier opus de The Big Pink avec une esthétique plus accessible, presque clinquante. Et si cette volonté d’évolution est louable, le résultat final peine à convaincre pleinement. Avec une note de 6/10, mon ressenti oscille entre respect pour la prise de risque et frustration face à une exécution souvent bancale.
Dès les premières notes, l’album affiche une certaine assurance : les beats sont plus affirmés, les mélodies plus léchées, et l’ensemble se veut plus direct. Le groupe semble vouloir capturer l'énergie brute d’un dancefloor post-apocalyptique, avec des titres comme Stay Gold ou Hit the Ground (Superman) qui claquent, littéralement. Mais derrière cette façade énergique, un certain manque de profondeur se fait vite sentir.
C’est particulièrement dans les paroles que cette impression d’ambivalence se ressent. The Big Pink opte souvent pour une écriture simple, parfois répétitive, qui vise clairement l’efficacité immédiate. Des refrains comme « Stay gold, forever gold » ou « Hit the ground, hit the ground, hit the ground, oh oh » tiennent plus du mantra pop que du texte introspectif. Cela peut fonctionner dans le cadre d’une dynamique musicale intense, mais sur la durée, ce choix appauvrit l’émotion que l’on aurait pu attendre d’un groupe capable de subtilité.
Il y a toutefois des tentatives intéressantes, notamment dans Give It Up, où l’on devine un malaise amoureux derrière des formules apparemment légères :
« I want to be your bulletproof, I want to dance, I want to move » – ici, la vulnérabilité affleure, noyée dans une forme d'urgence hédoniste. Le contraste est là, et il est même touchant, mais il manque une réelle densité émotionnelle pour que le propos décolle.
De manière générale, les textes de Future This semblent s’aligner sur la production : accrocheurs, rythmés, mais rarement profonds. L’écriture donne souvent l’impression de survoler les choses plutôt que de les creuser. Le groupe évoque des sentiments, des désirs, des aspirations – mais de façon assez générique. Il y a peu d’images marquantes, peu de tournures mémorables. Le langage est fonctionnel, presque publicitaire par moments, ce qui peut laisser une impression de superficialité.
La production, bien qu’ambitieuse, tend à noyer l’émotion dans un mur de sons parfois trop compressés. Là où A Brief History of Love laissait place à des respirations sensibles et à une forme de fragilité sous-jacente, Future This semble vouloir impressionner à tout prix – quitte à perdre une part de sa sincérité en chemin. Les refrains accrocheurs sont là, mais ils paraissent souvent formatés, comme si le groupe cherchait plus à séduire qu’à s’exprimer.
Cela dit, l’album n’est pas dépourvu de qualités. Des morceaux comme 13 ou Lose Your Mind montrent que The Big Pink n’a pas perdu son talent pour les atmosphères enveloppantes et les textures sonores riches. Et même si les paroles de Lose Your Mind restent floues, elles traduisent bien un sentiment de perte de contrôle, d’abandon à quelque chose de plus grand – thème récurrent mais intéressant.
En fin de compte, Future This est un disque qui brille par intermittence, mais qui peine à émouvoir sur la durée. On sent que The Big Pink a voulu franchir un cap, aller de l’avant. Et c’est justement cette ambition, aussi maladroite soit-elle, qui rend l’album attachant malgré tout. Car même si le résultat est inégal, il laisse entrevoir un groupe en pleine mutation, encore en quête de son équilibre.