Magic Hour
5.8
Magic Hour

Album de Scissor Sisters (2012)

Magic Hour : Paillettes sur pilote automatique

Il y a des albums qui brillent comme des feux d’artifice… et d’autres comme des enseignes au néon : tape-à-l’œil, mais pas forcément profonds. Magic Hour, quatrième opus des Scissor Sisters, appartient résolument à la seconde catégorie. Avec ses rythmes clinquants, ses refrains calibrés pour les clubs, et ses clins d’œil à la house des années 90, l’album amuse, mais peine à émouvoir ou surprendre durablement. C’est bien fait, souvent efficace… mais ça sonne trop souvent comme une redite, sans le mordant qui faisait le sel du groupe.


Côté production, difficile de nier que Magic Hour est un disque proprement emballé. Calvin Harris, Pharrell Williams, Boys Noize… la liste des collaborateurs fait saliver. Et effectivement, les beats sont puissants, les synthés claquent, et la mécanique pop tourne à plein régime. Le problème, c’est que tout ça manque cruellement de prise de risque. Là où Ta-Dah ou Night Work bousculaient les codes et osaient l’irrévérence, ici, les Scissor Sisters paraissent sagement assis dans leur zone de confort. La flamboyance est là, mais elle semble plus fabriquée que vécue.


Ce constat se renforce à l’écoute des paroles. Bien sûr, les Scissor Sisters n’ont jamais prétendu faire de la poésie introspective, mais Magic Hour semble souvent se contenter de slogans jetables. “Let’s Have a Kiki”, par exemple, joue la carte du second degré assumé, avec son ton camp et son esthétique queer revendiquée. C’est fun, c’est délirant, mais ça tourne un peu à vide sur le plan du fond — un sketch musical plus qu’un vrai morceau.


D’autres titres comme “Only the Horses” ou “Inevitable” tentent un registre plus émotionnel, mais les textes restent trop vagues, trop génériques pour toucher juste. On entend des refrains comme “Only the horses can bring us back home” sans vraiment savoir de quoi il est question. L’image est belle, mais elle manque d’ancrage, d’histoire, d’incarnation. Même sur des morceaux au potentiel narratif, comme “Year of Living Dangerously”, les paroles effleurent plus qu’elles n’explorent.


Il y a des fulgurances — quelques phrases bien trouvées, des refrains qui font mouche — mais globalement, Magic Hour semble privilégier le style au détriment de la substance. Le groupe, jadis capable d’allier provocation, humour et sincérité, paraît ici se contenter de formules faciles.


Alors oui, Magic Hour n’est pas un mauvais album. Il est entraînant, parfois jouissif, et conserve ce sens du spectacle propre aux Scissor Sisters. Mais c’est un disque qui regarde dans le rétroviseur, qui recycle ses propres codes sans les renouveler. L’impression générale est celle d’un groupe qui, à force de vouloir briller, finit par tourner à vide.


Conclusion : un 6.5/10 mérité. Parce qu’on y trouve encore des raisons de danser, de sourire, de secouer la tête. Mais aussi parce qu’on reste sur sa faim, face à un album qui aurait pu – et dû – dire plus, oser plus, brûler un peu plus fort.

CriticMaster
7
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le 15 avr. 2025

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