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Découverte en 2006 avec le surprenant Fur & Gold, Bat For Lashes, de son vrai nom Natasha Khan, fille de grands joueurs de squash pakistanais, est entrée dans un cercle fermé de chanteuses sinon à succès, au talent inimitable. Au fil de ses deux premiers albums, elle laisse entrevoir les différentes facettes de son personnage: tantôt mystique, tantôt sensible ou poétique à l’image du marquant Daniel ou encore Sleep Alone. Entourée d’un univers tribal et d’un décorum bien à elle, à base de peinture sur le visage ou de robes de gitanes, Natasha se construit une marque de fabrique. Si ce genre d’univers est d’habitude difficile à aborder, la mayonnaise prend avec une liste réduite d’artistes et Bat For Lashes en fait incontestablement partie. on compare souvent son travail à celui de Siouxie Sioux, Kate Bush, Björk ou Cat Power, rien que ça ! Après deux albums acclamés par la critique, il faut dire que le troisième opus est attendu au tournant. Alors a-t-elle relevé le défi ?

Cheveux courts, visage naturel, garde-robe un tantinet plus sobre: physiquement Bat For Lashes annonce déjà la couleur. Finalement, s’il n’y a pas de différences marquantes entre Two Suns et Fur & Gold, leur successeur, The Haunted Man, est une déroutante rupture dans le travail effectué par la demoiselle. Ne parlons pas ici de fond mais plutôt de forme. Exit l’univers mystique qui se déversait sur l’ensemble des pistes telle une traînée de poudre donc exit les mélodies lunaires. Ce nouvel album se veut beaucoup moins chargé, la voix beaucoup plus dominante que la musique, en somme un disque plus mature et naturel. Si on ne l’entendait pas forcément sur ces premières galettes, ici l’influence de Kate Bush est fortement marquée sur certains morceaux comme A Wall qui replonge en 1985 avec l’album The Hounds of Love.

Mais pas de panique, Natasha n’a pas pour autant tirer la chasse sur son ancien personnage comme on se débarrasse de ses anciennes photos de classe avant d’inviter des amis à la maison. Il reste tout de même un fier héritage de ce qu’elle avait l’habitude de faire auparavant: les titres Oh Yeah et Marilyn la ramène vite à ses premières amours tandis que sa manie de donner un prénom à ses morceaux reste son crédo. Jusqu’ici, on en compte six si mes calculs sont bons (Laura, Marilyn, Prescilla, Daphne, Daniel, Sarah). Courage encore 61316483894 à faire.

L’album en lui-même est très abordable pour quiconque souhaite écouter de la bonne musique. Si les deux premiers étaient réservés à une audience spécifique, The Haunted Man est vraiment tout public. Par exemple, , le morceau All Your Gold a, dès sa sortie, été comparé au Somebody That I Used To Know de Gotye, juste de quoi lui donner encore plus de crédit. Voilà pourquoi les fans de la première heure en sortiront un peu plus déçus que ceux qui découvrent Bat For Lashes avec cet opus. Pour les amoureux de l’ancien univers de la chanteuse, il faut des trésors de patience pour apprécier peu ou prou cet album et finir par se dire « Bon c’est Bat For Lashes quand même » (sans oublier le petit soupir marquant la déception).
HawolyBa
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le 17 févr. 2013

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Hawoly Ba

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