Sorti en 2013, Understated n’est pas seulement un album de retour : c’est une déclaration d’intention. Edwyn Collins, marqué par les séquelles d’un AVC survenu en 2005, y propose un rock aux contours épurés, nourri de soul vintage, de R&B britannique et de clins d’œil au Northern Soul. Avec une note de 7.5/10, je reconnais en cet album une œuvre sincère et maîtrisée, même si parfois trop ancrée dans la retenue pour totalement surprendre.
Ce qui frappe d’emblée dans Understated, c’est la richesse des influences digérées avec élégance. Collins n’imite jamais : il s’inscrit dans une continuité musicale. Le fantôme de Orange Juice, son groupe emblématique des années 80, plane encore sur certains titres à la rythmique nerveuse et aux guitares légèrement funky (Too Bad That's Sad en tête), mais le ton est plus grave, plus posé.
L’album puise aussi beaucoup dans la soul et le R&B des années 60, notamment dans les cuivres subtils et les grooves chaloupés. On pense à Baby Jean, qui pourrait sortir tout droit du catalogue Stax ou Motown, mais avec ce détachement très britannique, un brin mélancolique. Collins se fait ici passeur de mémoire musicale, sans nostalgie pesante.
L’interprétation vocale de Collins est centrale dans cet album. Sa voix, abîmée mais incroyablement expressive, véhicule une intensité rare. Chaque mot semble pesé, chaque intonation marquée par la lutte personnelle de l’artiste. Sur Down The Line ou Forsooth, cette fragilité devient force : Collins ne surjoue jamais, il vit ses chansons avec une dignité bouleversante.
Mais cette justesse expressive a un revers : une forme d’uniformité. L’album reste souvent sur le même tempo, la même palette sonore, la même atmosphère tamisée. Cela renforce sa cohérence, mais limite l’effet de surprise. À trop vouloir rester dans la sobriété, Understated se prive parfois de l’audace qui aurait pu l’emmener ailleurs.
Ce disque n’est pas un cri : c’est une conversation intime. Collins y explore le temps qui passe, la reconstruction, l’héritage musical. Il ne cherche plus à faire un “album à succès”, mais à transmettre quelque chose de vrai, d’épuré. Il y a dans Understated une forme de sagesse musicale : celle d’un homme qui revient à l’essentiel, en s’appuyant sur des influences profondément intégrées, digérées, réinventées.
Understated est un album honnête, élégant, parfois poignant. On admire la maîtrise, on apprécie la clarté du propos, on respecte l’intention. Mais il lui manque, parfois, un élan, une prise de risque, une tension qui aurait permis de transcender le cadre. En ce sens, ma note de 7.5/10 reflète à la fois mon estime pour l’œuvre et ma légère frustration devant ce qu’elle aurait pu devenir si elle s’était autorisée plus de vertige.