Beastars a 22 tomes de 200 pages chacun environ et Beast Complex qui situe l'origine des protagonistes de Beastars en a 3.
Le dessin animalier et anthropomorphe est d'un niveau exceptionnel malgré une impression (voulue) de flou pour certaines cases, avec un foisonnement de personnages et de décors.Le scénario traite des conflits, intérieurs et inter individuels, des adolescents dans un collège, qui sont carnivores ou herbivores, de differentes espèces. Le spécisme, la maltraitance animalière, le végétarisme, la gestion de ses pulsions, avec ses freins conscients et inconscients, ses effractions, les attirances des contraires, sont mis en scène à travers une multitude de personnages attachants, principalement ceux d'un club de théâtre mixte du lycée, mais aussi ceux d'un marché noir où de la viande est vendue illégalement. La tolérance sociale et l'utilisation du marché noir comme soupape pour la coexistence des espèces et la bonne gestion par chacun de ses pulsions est remarquablement croquée. L'hérédité, le métissage, la tolérance, l'éthique, l'estime de soi comme la mésestime voire la haine de soi se heurtent constamment dans les rapports amoureux, amicaux, filiaux, dans les émulations et les complicités, qui sont donnés comme les élixirs de vie les plus importants à consommer, à réviser, à soigner, sans évacuer les effractions de violence pulsionnelle, hétéroagressives ou autodestructrices, qui les déstabilisent.
On est stupéfait que l'autrice aie à peine plus de 20 ans quand elle commence à écrire et dessiner ce manga.
On en a fait une série du même nom Beastars.
Elle est bienvenue car elle apporte un mouvement au dessin autre que celui du manga (qui n'en manque pas, ni de dynamisme ni de cinétique).
La premiere saison (12 épisodes de 20 minutes) semble un peu fade par rapport au manga car elle simplifie un scénario d'une tres belle complexité.
Ce défaut s'inverse en qualité au milieu de la deuxième saison et dans la troisième, car dans les tomes équivalents dans le manga (à partir du tome 14 à peu près), quelques digressions sont à mon avis hypertrophiées et l'animé simplifie alors de manière bienvenue ce qui nous imposerait un trop grand effort de lisibilité.
L'auteur a dû resserrer son propos dans la série pour ne pas perdre son spectateur, tant mieux.
On attend avec plaisir la saison 3 (dernière partie, 12 épisodes), prévue pour 2026, car la fin de la 3eme saison (premiere partie) est très abrupte. Pour ceux comme moi qui ont lu le manga en entier, on est intéressé de voir comment l'intrigue est dégraissée pour transposer sa conclusion dans la série.