Chainsaw Man
7.7
Chainsaw Man

Manga de Tatsuki Fujimoto (2018)

Je n'ai pas encore lu la partie 2 du manga, mais ma note changera une fois que je l'aurai lue

Partie 1 (chapitres 1-97) : 18/20


Qu'est-ce que Chainsaw Man ?

C'est avant tout l'histoire d'un jeune adolescent qui rejoint une organisation après avoir gagné le pouvoir d'un démon très spécial, et qui l'utilise pour affronter d'autres démons nés des émotions humaines, dont un semble être l'antagoniste principal : le démon flingue. J'admets volontiers que cela n'a rien de particulièrement passionant ; enlevez "démon flingue" et remplacez-le par Ryomen Sukuna, voire Satan, et vous avez respectivement Jujutsu Kaisen et Blue Exorcist. Pourtant, vous en conviendrez, ces oeuvres n'ont absolument rien à voir.


J'en viens donc à ce que je que j'adore dans Chainsaw Man : le cadre réaliste. Je sais, cela peut paraitre contre-intuitif car les démons à eux seuls détruisent ce cadre réaliste, néanmoins ce que je veux dire, c'est que le monde de Chainsaw Man est exactement notre monde, à l'exception que des démons existent. En fait, l'oeuvre prend à contrepied beaucoup de codes du shonen ce qui lui permet fatalement d'être bien plus réaliste.


Prenons le cas de l'organisation dans laquelle le héros travaille : la Sécurité Publique. En règle générale dans les shonens/seinens se passant au Japon, les organisations et les héros oeuvrent souvent dans l'ombre (Comme dans Tokyo Ghoul, Demon Slayer ou Jujutsu Kaisen). Ici, c'est complètement le contraire, et on a droit à une organisation publique, un peu à la manière de Psycho-Pass. Les héros ne doivent pas porter un uniforme extravagant ; simplement une chemise blanche et une cravate. C'est juste génial car couplé aux motivations des personnages, on obtient vraiment quelque chose de réaliste. Le meilleur exemple de cela est Denji. Nous ne suivons pas l'histoire d'un héros naïf avec une ambition démesurée, cherchant à "venger sa famille" ou à "aider les faibles", et qui veut à tout prix tuer le principal antagoniste. Au contraire, le principal antagoniste du 1er arc n'est pas mentionné avant le chapitre 12, et celui-ci n'a littéralement aucun lien avec Denji. De ce fait, Denji est un héros qui a pour objectif principal... toucher des seins. Au fond, ses motivations sont normales pour un adolescent de son âge. Il n'est pas un héros qui cherche toujours plus, il se contente plutôt du minimum (pouvoir manger et dormir) et ça permet justement de plus facilement s'identifier à lui. Son objectif simpliste va très vite être contrasté lorsqu'il va rencontrer d'Aki Ayakawa, un personnage avec un objectif très sérieux : venger sa famille et tuer le démon flingue. Il est loin d'être pris au sérieux, et est au contraire moqué par pas mal de personnages. En fait, on sent cette volonté de se moquer des codes du shonen car dans un shonen classique, Aki aurait clairement pu être le personnage principal.


Un autre point assez original selon moi est le système de pouvoirs. Il n'est pas basé sur une quelconque source d'énergie, mais plutôt sur les démons eux-mêmes. L'idée que les démons - ceux contre qui ils luttent - sont justement ce qui leur permettent de lutter est excellente, d'autant plus que l'on sait qu'ils ne sont pas dignes de confiance, donc ça rajoute de la tension dans les combats. On a par exemple le cas du démon d'Himeno qui refuse de venir tant qu'elle ne sacrifie pas une partie de son corps. De plus ça permet aux pouvoirs de ne pas être surpuissants car il faut toujours une contrepartie (Aki perd des semaines/mois de vie à chaque fois qu'il sort son sabre, le démon ange retire du temps de vie de chaque personne qu'il touche...). Malgré cela il semble rester quand même une séparation entre les démons et les Devil-Hunter car j'ai remarqué que la plupart des pouvoirs ne résident pas dans les Devil Hunter en eux-même (en tout cas au début). Je m'explique : le démon d'Himeno est une entité à part, qu'elle doit faire apparaitre. Le démon renard d'Aki apparait seulement quand il l'invoque. Cela donne vraiment cette idée que les démons travaillent avec les Devil Hunter par dépit (et inversement) et que ce sont donc deux entités complètement opposées.


À partir de là, je risque de spoiler.


Un des meilleurs moments du manga jusque là selon moi, c'est l'attaque terroriste visant tous les Devil-Hunter. Pour commencer, Makima se fait tuer brutalement. C'est un vrai choc et ça montre le danger des armes à feu. Au chapitre suivant, on a une énorme montée de tension car on a quelques plans sur plusieurs groupes de personnages à Tokyo, et certains personnages en arrière plans cachent des armes. Juste après, il y a une scène avec Denji, Power, Aki et Himeno, et un personnage inconnu commence à parler. On sait ce qui va arriver, et c'est terrifiant car on sait qu'ils peuvent se faire tuer. Enfin une oeuvre qui rend les flingues menaçants ! Ce que j'ai le plus aimé, c'est le retour de Makima : on sait désormais qu'elle cache énormément de choses et qu'elle est peut-être pas aussi gentille qu'elle prétend l'être.

En bref, pour moi les 20-30 premiers chapitres sont clairement les meilleurs de l'oeuvre. Depuis l'arc des assassins internationaux, j'ai eu le sentiment que l'intrigue a pris des dimensions beaucoup plus grandes, et ça m'a moins plu. Tout a commencé avec l'arc de Reze. Je n'ai pratiquement rien à reprocher à cet arc, les nouveaux personnages introduits (majoritairement le démon ange, Beam et le démon violence) et il a plutôt bien fait le travail. L'histoire entre Reze et Denji était vraiment bien réussie. Ce que je reproche vraiment à cet arc, c'est de s'être trop éloigné : à la fin du premier arc, on nous vend la suite comme étant une mission à la recherche du démon flingue. Et là, pendant 1 arc entier, il n'y a pas une seule mention du démon flingue. Cela sert surtout à développer Denji, mais le problème est qu'il ne débloque aucun nouveau pouvoir et que sa psychologie n'a pas tant évolué que ça.

Mention spéciale au passage du carnage que fait Reze dans un des QG des Devil Hunter, j'ai trouvé ce moment génial car le cadre faisait assez réaliste (les personnages parlaient de promotion, ils étaient en entrainement) et il y a pas vraiment eu de plot armor, même ceux avec des pouvoirs intéréssants se sont faits arracher.

La suite, l'arc des Assassins Internationaux, est assez réussie. De nouveaux personnages (dont j'ai oublié le nom) sont introduits, et de nouveaux antagonistes débarquent. Certes, c'était déjà évident avant, mais puisque l'on croise des Incarnés (mi démons mi humains) qui veulent le coeur de Denji, on comprend qu'il n'est pas spécial car il est mi démon mi humain mais plutôt pour un motif bien plus sombre lié à Pochita. Ce que j'ai vraiment adoré dans cet arc, c'est le moment où Kishibe écrit sur un papier "Makima nous écoute". Depuis l'attaque terroriste on sait qu'il en sait beaucoup plus que nous sur Makima, mais c'est génial car là on apprend qu'il veut la tuer, mais on ignore vraiment ce qui le pousse à prendre autant de risques ni où il a appris ces informations.

C'est là que j'ai vraiment commencé à décrocher. Là où tuer Aki et Power était un coup de génie, tuer en l'espace d'1 chapitre le démon ange (il a juste perdu ses bras mais c'est comme s'il était mort), Beam et le démon violence, c'est juste trop. En plus la mort d'Aki ne m'a pas particulièrement touché, on sait qu'il est manipulé mais comme on ne voit pas son visage ça réduit pas mal l'impact de la chose. J'ai plus eu le sentiment que Denji tuait le démon flingue qu'Aki. Heureusement pour pallier à cela nous avons eu droit au parallèle entre la bataille de boules de neige d'Aki et la bataille dans le monde réel, mais même là, j'ai eu du mal à me rendre compte que c'était Aki. La mort de Power en revanche je trouve que Fujimoto a fait un excellent travail pour la rendre impactante. Si jusqu'alors Power était souvent detestable car elle et Denji se battaient souvent, la mort d'Aki les rapproche soudainement et elle commence enfin à changer et à se montrer plus appréciable avec Denji. Malheureusement c'est là que Makima décide de la tuer sous les yeux de Denji et parvient enfin à son objectif de l'avoir sous son emprise.

Je n'ai pas grand chose à dire sur la mort de Makima. Je m'attendais à ce qu'elle survive beaucoup plus longtemps mais pourquoi pas.

Pour terminer, j'ai beaucoup aimé cette première partie, mais surtout car le cadre était assez réaliste (j'insiste beaucoup dessus mais c'est vraiment ce qui m'a fait accrocher à l'oeuvre, avoir un shonen qui rend les armes à feux menaçantes et qui sort un peu des sentiers battus c'est assez rafraichissant). De ce fait j'aime pas vraiment la direction que prend la partie 2 car la Sécurité Publique, c'est terminé. De ce que je sais, la structure de la saison 2 m'a l'air assez répétitive et c'est dommage.

Spiritif
9
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il y a 3 jours

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