Une Renaissance Cosmique : Quand la Famille Frappe Fort

Le cinquième tome de Fantastic Four by Jonathan Hickman marque un tournant aussi audacieux que maîtrisé dans l’épopée cosmique qu’il tisse depuis le début. Avec la collaboration efficace de Barry Kitson et Steve Epting aux dessins, Hickman livre ici un volume dense, ambitieux, mais étonnamment lisible, qui confirme le souffle épique de son run. Si je lui attribue la note de 8.5/10, c’est parce qu’il parvient à conjuguer émotion, science-fiction grandiose et enjeux familiaux sans jamais perdre de vue l’humain derrière le mythe.


Hickman continue d’étendre son univers avec une précision chirurgicale. Ce tome est un carrefour narratif : les pièces du puzzle cosmique se mettent enfin en place, et le récit prend une ampleur vertigineuse sans sombrer dans l’hermétisme. C’est un tour de force : jongler avec des concepts de science complexe, des mondes parallèles, tout en gardant l’essence même des Quatre Fantastiques – la famille, l’amour, la perte et le sacrifice.


Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la montée en tension maîtrisée. Chaque chapitre pousse un peu plus loin les enjeux sans jamais nous perdre. Hickman évite la surenchère gratuite pour construire une véritable dramaturgie. Il sait quand ralentir pour laisser respirer ses personnages, et quand appuyer sur l’accélérateur pour faire basculer le récit dans l’épique.


Le traitement des personnages est une réussite. Reed Richards, souvent caricaturé comme le scientifique froid, gagne ici en profondeur. Ses dilemmes, ses choix moraux et son obsession pour la compréhension de l’univers sont traités avec beaucoup d’intelligence. Valeria et Franklin deviennent aussi plus que de simples enfants de super-héros : ils incarnent les héritiers d’un monde en mutation.


L’équipe fonctionne à nouveau comme une unité, et malgré les menaces à l’échelle cosmique, les liens familiaux restent le cœur battant du récit. C’est cette alchimie entre l’intime et le grandiose qui donne au tome sa résonance particulière.


Le travail de Barry Kitson et Steve Epting est globalement solide. Epting, avec son trait réaliste et son sens du clair-obscur, porte les séquences dramatiques avec intensité. Kitson, plus léger et classique dans son approche, propose un contrepoint plus lumineux. Cette alternance de styles peut désarçonner, mais elle correspond bien à la diversité des ambiances du récit.


Certaines planches, notamment celles des grands rassemblements ou des confrontations interdimensionnelles, sont visuellement saisissantes. D’autres, plus statiques, manquent parfois d’ampleur, mais cela ne nuit jamais à la lisibilité globale.


Si j’enlève 1.5 point, c’est pour la densité parfois écrasante du récit. Certains lecteurs risquent de se sentir dépassés s’ils ne suivent pas la saga de près. Le besoin de tout relier, tout expliquer, peut alourdir la lecture par moments. Mais pour peu qu’on s’investisse, la récompense est là : un univers foisonnant, cohérent, et profondément humain.


Ce tome 5 n’est pas juste une suite : c’est une ascension vers quelque chose de plus grand, une phase de maturation dans le run de Hickman. Il confirme que l’auteur a non seulement une vision, mais aussi la rigueur et la sensibilité nécessaires pour l’incarner pleinement. On est à la croisée des mondes, et pourtant on ne perd jamais de vue ce qui fait vibrer ces héros : l’amour, la curiosité, et la volonté de protéger ce qui compte vraiment.


Un must pour les amateurs de science-fiction intelligente et d’univers partagés bien pensés.

CriticMaster
9
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le 7 avr. 2025

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