Je ne pensais pas que al reprise de Lucky Luke serait si désastreuse : j'avais envie d'y croire en cette nouvelle équipe prenant le relais.
Le scénario est un vrai bordel sans nom ! On croirait lire un brouillon de scénario : ça manque de clarté, de simplicité. Pour le coup, on sent bien que le scénariste a voulu s'affranchir de l'héritage de Morris, en proposant quelque chose de différent, mais aussi de très mauvais. Les gags sont rares, peu drôles, sacrifiés pour une intrigue plus riche en rebondissements. Les personnages secondaires sont peu intéressants ; Jolly Jumper est mis un peu plus en avant, mais sa personnalité a été sacrifiée.
Graphiquement aussi, les choses ont changé. En soi,n je n'aurais rien contre, mais ce changement nous montre que Morris avait vraiment pensé son personnage en fonction de son découpage (ou l'inverse) : voyez-vous, Luke a une tête de profil et Morris découpe ses scènes de manière très théâtrale, c'est-à-dire avec des personnages qui se déplacent le plus souvent latéralement. Ici, les auteurs proposent des perspectives plus audacieuses, plus dynamiques qui ne passent vraiment pas avec la morphologie de Luke (en témoigne ce top shot horrible). Mais même de manière générale, ce découpage ne fonctionne pas trop parce que le dessin n'est pas très réussi. Au début, on sent la tentative de rester dans la lignée d'un Morris, mais petit à petit, les écarts prennent de l'importance, si bien que les personnages ne semblent plus issus de l'univers de Morris et que les tics de la BD contemporaine (grimaçante) surgissent. L'action est nettement moins épurée mais aussi moins claire qu'avant (sans être illisible pour autant). Quelques choix graphiques plaisent au début, avec cette volonté de proposer des compo plus travaillées esthétiquement parlant, mais très vite, ces choix prennent trop de place et s'avèrent même mal employés, avec pour conséquence des compo peu réussies (des effets d'ombres chinoises, notamment).
Bref, un album pas calamiteux, mais pas loin quand même.