Avec ce thriller d’évacuation en plein chaos afghan, Martin Bourboulon signe un film d’action tendu mais simpliste, qui sacrifie la complexité géopolitique au profit d’un récit héroïque sans nuances. Il rappelle toutefois les ravages de l’intervention américaines en Afghanistan.
Fin août 2021, c’est la panique en Afghanistan. Les Américains se retirent précipitamment, laissant le champ libre aux talibans. La population, prise de panique, désespérée, se rue vers l’une des dernières ambassades occidentales encore ouvertes : celle de la France, alors en pleine évacuation. Pour gérer cette crise, le commandant Mohamed Bida (Roschdy Zem) doit se frayer un passage dans Kaboul tout en négociant avec des talibans désormais tout puissants.
Longtemps, seuls les Américains osaient relire leur histoire contemporaine à travers le prisme du cinéma. Mais la France s’y met peu à peu: Novembre sur les attentats de 2015, Les Survivants sur les migrants dans les Alpes ou Les Fantômes sur la traque aux criminels de guerre syriens. Le dernier film de l’éclectique Martin Bourboulon (Papa ou maman, Eiffel, Les Trois Mousquetaires) s’inscrit dans cette veine. Malheureusement, la démarche n’est guère convaincante, la faute à un scénario qui ne raconte pas grand-chose, des personnages caricaturaux et des enjeux dramatiques poussifs.
En adaptant le récit de Mohamed Bida, le réalisateur épouse sans recul le point de vue de son personnage, celui d’un loyal agent du gouvernement, aussi efficace qu’héroïque. N’espérez donc pas la moindre esquisse de réflexion géopolitique. Ici seule compte l’action. Les personnages ne sont que des prétextes pour enchainer des situations tendues, quitte à sacrifier toute vraisemblance ou crédibilité. Malgré le talent des comédiens présents au générique, difficile de croire à la relation entre une humanitaire franco-afghane (Lyna Khoudri) et sa mère, ou encore à cette journaliste (Sidse Babett Knudsen) qui semble courir après le danger.
Heureusement, la mise en scène, efficace, rattrape un peu le coup. Outre les moments de tensions relativement bien montés, elle parvient à retranscrire le chaos qui régnait à Kaboul à cette époque. Certes, les seigneurs de guerre talibans sont réduits à des « méchants très méchants » sans nuance, mais le film a au moins le mérite de rappeler la situation hallucinante dans laquelle les Américains ont abandonné ce pays. C’est déjà ça