2 Golden Globes, plusieurs nominations aux oscars notamment pour sa réalisation et meilleur scénario original, déjà près de 80M de $ au Box Office, on peut dire que 1917 a fait parlé de lui, grâce à une idée complexe : réaliser le film en plan séquence. C'est là dessus que le film a fait sa pub et c'est grâce à ça que le film fonctionne.


Sam Mendes nous raconte donc à travers 1917, l'histoire de deux soldats nommés William Schofield interprété par George Mackay et Tom Blake interprété par Dean-Charles Chapman, chargés de transmettre un message à une unité basée à Ecoust-Saint-Mein, mais bien sûr ceci est jugée comme une mission suicide.


Déjà pour répondre à la question la plus évidente, non il n'est pas fait en un seul plan séquence. Il y a d'une part un gros cut aux trois-quarts du film, et d'autre part, il s'agit plutôt de plusieurs plans séquences réunit en un seul grâce au montage numérique. Cela ne rend pas la tâche moins technique, loin de là, mais ce n'est pas un seul plan séquence. Malgré tout, l'assemblage numérique est assez fin pour passer inaperçu et ne pas être hypocrite dans sa forme. Malheureusement, le plan séquence ralentit le film dans les moments de « rechute » et rend le tout plus spectaculaire que ça ne devrait l'être lors des moments d'action.


Mais à part le plan séquence, qu'est ce qu'il y a dans ce film ? Et bien malheureusement pas grand chose. Il y a une certaine forme de paradoxe dans 1917. D'un côté, Sam Mendes nous livre des soldats banals qui sont là pour faire leur mission et rien d'autre, c'est à peine si on développe leur personnalité (bien que la mission soit rattachée au frère de Tom Blake, cela peut nous aider à créer de l'empathie), de l'autre on a des éléments tellement spectaculaires qu'on ne voit absolument pas une journée normale dans la vie d'un soldat et j'ai même pas peur pour eux parce que malgré sa tentative de banaliser ses personnages, je ne vois à aucun moment deux simples soldats tant en à peine 30 minutes ils vivent déjà trop de choses hors du commun.


Alors oui, le personnage de Dean-Charles Chapman finit par mourir, mais c'était tellement stupide qu'il l'a mérité. Déjà sauver son ennemi c'est non, mais en plus lui proposer de l'eau alors qu'en tant que soldat c'est quelque chose de précieux, c'est de la pure stupidité et à ce niveau là c'est de la sélection naturelle.


Dans tout ça, cela ne m'a pas aidé à ressentir l'urgence de la mission (à part au moment du Climax) et une quelconque empathie pour les personnages, ce qui m'a aidé en revanche est toute la sympathie que je porte pour George Mackay que j'ai adoré dans 11.22.63 ou encore Le Secret des Marrowbone.


Ce qui ne m'aide pas à créer de la sympathie pour les personnages, sont leur immense stupidité. Durant tout le film, les deux vont prendre une série de décisions certes honorables mais plus stupides les unes que les autres qui vont les mettre en péril, ce qui créera du spectaculaire mais détruira un peu plus le réalisme.


Bon, donc il ne nous montre pas des personnages torturés par la guerre, ils ne sont même pas un tant soit peu développés, je serais même incapable de ressortir une ligne de dialogue, mais du coup la guerre elle vaut quoi ? Et bien la guerre on ne la voit pas vraiment non plus. Il y a quelques scènes de fusillades (pas forcément très crédibles) et puis c'est tout. Attention, je ne veux pas dire que du pan pan dans un film de guerre en fait forcément un bon film et que s'il y en a pas ce sera de la merde, j'ai beaucoup aimé Les sentiers de la gloire qui se passe essentiellement dans les bureaux de l'armée. Mais là on a ni la guerre, ni les personnages, le film est "simplement" épaulé par sa technique. J'ai simplement l'air choqué et perdu de George Mackay en tête. Du coup pas grand chose en ressort.


1917 ressemble plus à un bon crash test et à une flatterie de son égo (ce que je ne vois pas comme un mal) qu'à un film porteur d'un message. Peut être suis-je passé à côté, mais quel est le message à la fin du film ? La guerre c'est pas cool ? Faites pas les cons parce que ça vous met en danger ? Certains soldats n'ont pas perdus leur humanité ? Sérieusement, si il y a un message dans ce film que quelqu'un me le dise.


Je pense que Sam Mendes a voulu nous attacher à ces personnages en en faisant des soldats vertueux, mais ça ne marche pas du tout, je vais le comparer à Il faut sauver le soldat Ryan, où la mission est banale (dans le sens où devoir retrouver un soldat est une mission qui a dû arriver assez souvent durant cette période) et les personnages sont banals, tout ce qui va se produire durant ce film est banal, mais il est réalisé avec une telle précision que ça rend le tout exceptionnel. L'exceptionnel est banalisé, ce qui rend ce banal, exceptionnel aux yeux des spectateurs. Mais si on détaille le chemin parcouru par les soldats, ben c'est banal. Mais les personnages sont développés, on s'attache à eux, ils font leur boulot de soldat qui est de tuer (même quand ils ne devraient pas) et cela ne retire pas notre empathie envers eux, au contraire, ils sont humains, ils sont comme vous et moi, donc on s'attache à eux. Ce n'est pas par leur côté vertueux qu'on s'attache à eux, mais par leur naturel et le fait que chacun des soldats de cette compagnie ont des avis différents et remettront en question leur mission et les codes de l'armée.


En conclusion, je vais vous conseiller d'aller le voir parce que j'ai quand même passé un bon moment, la musique était plutôt bonne, de toute manière pour tout ce qui est technique il n'y a absolument rien à redire, mais c'est surtout l'écriture qui est plus problématique en ce qui me concerne.

Greengoblin
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films vus (ou revus) en 2020, TOP ET FLOP 2010-2020, Films (Re)vus en 2022 et Vus en salles obscures

Créée

le 18 janv. 2020

Critique lue 272 fois

3 j'aime

1 commentaire

Greengoblin

Écrit par

Critique lue 272 fois

3
1

D'autres avis sur 1917

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

105

1917
guyness
5

Fier Mendes (dans le nord de la) France

Certains films souffrent de leur intention. Surtout quand cette intention est mise en exergue par leur promotion. Impossible alors de ne voir que le résultat sans juger l’œuvre à l'aune de ce qui...

le 15 mars 2020

150 j'aime

20

1917
Halifax
9

Course contre la mort

France, 1917, une prairie. Première respiration et premier mouvement de caméra. A partir de maintenant et pendant presque 2h, cette caméra ne s’arrêtera plus de tourner, de monter, de descendre,...

le 8 janv. 2020

97 j'aime

7

Du même critique

The Quarry
Greengoblin
4

Un Gloubi Boulga de l'horreur

Développé par Supermassive Games, The Quarry est un héritier spirituel d'Until Dawn. Lancé en 2015, Until Dawn permettait aux joueurs de contrôler 8 amis qui allaient savourer, le temps d'un...

le 14 juin 2022

6 j'aime

7

Logan
Greengoblin
9

Last pale light in the west

Logan, ultime film de la trilogie Wolverine et aussi de Hugh Jackman et Patrick Stewart en tant que Wolverine et Professeur Xavier, nous situe en 2029, cinq ans après Days of Future Past tandis que...

le 1 mars 2017

6 j'aime

Star Wars - Les Derniers Jedi
Greengoblin
7

Star Wars : Le Réveil des balls

Star Wars : Les Derniers Jedi (réalisé par Rian Johnson (Looper) avec plus ou moins le même casting que dans Le Réveil de la Force, donc Daisy Ridley, Oscar Isaac, John Boyega, Mark Hamill, Carrie...

le 16 déc. 2017

6 j'aime

2