28 ans plus tard
6.4
28 ans plus tard

Film de Danny Boyle (2025)

23 ans après « 28 jours plus tard », Danny Boyle et Alex Garland remettent le couvert à la réalisation et au scénario pour nous offrir le troisième opus de la saga des « 28 ». Une certaine excitation régnait pour tous les fans de la première heure. Depuis la première bande-annonce, venue un an plus tôt, on se demandait tous : est-ce qu’il ne va pas nous plier encore un « banger » comme à la belle époque ? 28 jours plus tard était sans aucun doute le meilleur film de zombies de ces 20 dernières années, et la perspective d’un retour de cette franchise par les mêmes personnes aux manettes ne pouvait qu’être un projet excitant et exaltant.

Alors, 28 ans plus tard, est-il la suite tant attendue ? Non.

Est-ce un bon film ? Meh…


Mise en scène

La mise en scène de Danny Boyle est toujours intéressante, ça n’en fait aucun doute. Certains de ses films sont excellents, d’autres moins aboutis ou tout simplement moins bons. Mais dans celui-ci, Papy Danny a voulu encore une fois marquer de sa patte le film de zombie. Il sait, par de magnifiques plans larges et quelques petits travellings, nous donner des images de paysages d’une Angleterre post-apo superbes. Ses gros plans et sa caméra à l’épaule très vivante transmettent très bien cette sensation de tension et de peur qui erre autour des personnages. Les plans dits « selfie » / « GoPro », accrochés aux zombies ou à d’autres personnages, rendent parfaitement justice à l’urgence de certaines situations.

L’idée de filmer à l’iPhone est intéressante pour donner ce côté réaliste que cherche le réalisateur, comme si tous les événements étaient filmés par des civils chose qu’il avait déjà faite en 2002 pour 28 jours plus tard, mais avec des caméras numériques.


Mais il nous faut parler d’un sujet qui fâche.

Les plans « bullet time » ou les plans à la Matrix. Pourquoi ? Oui, l’effet est beau, il donne une esthétique super cool, rend certains moments un peu badass. Mais dans quel but ? Ça ne sert en aucun cas le propos du film, et ça ne nous raconte rien comparé à Matrix, justement. L’effet casse considérablement le rythme des scènes d’action, ce qui, pour certains films, pourrait s’entendre. Mais là, justement, c’est trop, et tout le premier acte en est rempli.

Rajoutez à ça un montage très très dynamique, presque épileptique à certains moments : l’action devient très confuse et nous sort déjà du film alors que nous sommes à peine à 20 min du début.

Je comprends l’envie de faire des plans cool, mais il faut qu’ils servent un minimum à quelque chose plutôt qu’à un simple aspect marketing.


La musique

John Murphy n’a pas rempilé sur ce film, et ça manque un petit peu. Son thème sur 28 jours plus tard était si propre et si cool. Mais là, je dois avouer que la musique ne m’a absolument pas marqué.

Et vu qu’on est dans la musique, il faut parler du mixage son. Les bruits et les effets sonores sont très inégaux pendant tout le film et surtout ce long monologue du premier acte, extra-diégétique, comme si un homme parlait à travers une radio. Un discours qui m’a marqué par sa répétition et son entêtement… qui rendent vraiment fou.

Super point, mais grosse déception quand je découvre que ça ne fait pas partie du film.

Cet appel radio, qui est juste un moment de tension finalement artificiel, est entrecoupé de dialogues où un père explique à son fils comment ils vont avancer dans la forêt.

Qu’est-ce qui se passe ? Vraiment, je ne comprends pas, et c’est profondément frustrant de se rendre compte que toute cette séquence, qui m’a franchement donné mal à la tête, n’a servi à rien.


Qu’est-ce que ça nous raconte ?

Ce film est un rite initiatique classique d’un enfant de 12 ans qui vit des épreuves qui le font passer doucement vers l’âge adulte. Rien de très nouveau, mais ce n’est pas un problème. Ce qui est intéressant, c’est la façon de le raconter.

Un enfant choqué par son père, qui souhaite être pour lui la figure du héros et de l’homme fort, mais qui se comporte de temps en temps en « alpha male ». Il ne correspond pas à sa vision du héros, car lui, ce qu’il souhaite, c’est seulement sauver sa mère de la maladie et il est prêt à tout risquer pour l’emmener voir un docteur qui vit parmi les zombies.

Cet enfant vit sur une île isolée du continent anglais, qui est en quarantaine. Ils ne peuvent aller sur le continent qu’à marée basse, sinon l’île est protégée par la mer.


Ça, c’est notre histoire et notre contexte.

Évidemment, je n’ai pas encore parlé des zombies, qui eux, ont bien changé. Nous avons toujours nos zombies de la première heure, mais nous avons aussi ceux qui rampent et sont super gros. On a des zombies Alpha, qui ne sont que des mâles, immenses, remplis de muscles, et qui, par leurs cris, appellent les autres zombies. Ils ont un rituel pour qu’on sache que ce sont des alphas : ils décapitent leurs proies.

Et puis, nous avons le zombie qui est enceinte. Oui, les zombies se reproduisent. Et visiblement, ils accouchent des enfants SAINTS.

Mais qu’est-ce qui se passe ? En réalité, on sait qu’à partir de 28 ans plus tard, nous aurons droit à une, voire deux suites à ce propre film. 28 ans plus tard serait le premier volet d’une saga.

Du coup, tout ce qui se passe dans ce film transpire l’incompréhension, et des choses sont jetées en pâture au spectateur avec ce fameux dicton : « Tout sera expliqué dans le prochain ».


Mention spéciale :

Le grand Alpha méchant du film est nu tout le long du film et a un gigantesque appareil génital, ce qui peut faire sourire au premier abord, mais ensuite, je vous jure, quand il court ou attaque nos héros, on ne voit plus que ça. Ce qui, à mon sens, transforme la peur en juste quelque chose de drôle


Conclusion :

Il est difficile de faire un vrai résumé de ce film, mais la seule chose qu’on peut dire, c’est qu’il est inégal au possible. Il y a plein de bonnes idées, mais beaucoup tombent à l’eau. Le rythme est étrange, et parfois très brouillon.

Tout l’inverse de 28 jours plus tard. Le film se tenait, était cohérent, avec une mise en scène aux petits oignons. Sans parler de la musique culte qui a fait aimer ce film à tant de monde, et qui a inspiré la plus grosse série de zombies.

Walking Dead a fait du mal aux zombies. On sentait que le réalisateur et le scénariste ne voulaient absolument pas faire un « Walking Dead style », ce qui est assez amusant car Walking Dead est largement inspiré de 28 jours plus tard.

Du coup, on casse les codes et on tente autre chose et c’est bien de tenter des choses et d’avoir plein de bonnes idées, mais il faut que ça nous emmène quelque chose d’intéressant à la fin, et pas juste quelque chose de différent.

Pour finir, un petit mot sur les sagas : un film, c’est un début, un milieu et une fin. Oui, on peut laisser apparaître qu’une suite va être faite, mais c’est tout. On ne regarde pas une série, mais un film.

Un film ne demande pas qu’on fasse nos devoirs ou qu’on ne comprenne rien dans le but de nous expliquer plus tard.

Merde, une place de ciné, c’est le prix d’un abonnement streaming et parfois plus cher dans certaines salles ! Alors s’il vous plaît, faites des bons films, et pensez à faire des suites, mais elles ne doivent pas gâcher le premier d’une saga.

Combien de films avons-nous vus qui sont simplement une intro de 2h30 ?

Cela devient insupportable !

JMT-Massat
5
Écrit par

Créée

le 23 juin 2025

Critique lue 26 fois

JMT Massat

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