28 jours plus tard est infiniment plus abouti scénaristiquement que les autres films dépeignant un monde post-apocalyptique où le décor de décrépitude sert intelligemment l’histoire entre les personnages et non l’inverse comme dans je suis une légende où le décor post-apocalyptique est la base de tout, le reste n’étant qu’agrégat. Le « héros » du film suit une véritable progression, au début vu de manière chétive dans un lit, se laissant guider par un groupe de survivants pour devenir dans la deuxième moitié du film et jusqu’à la fin un homme fort et protecteur tout en gardant son humanité des premiers instants. Outre les humains mutants enragés, bien interprétés, crédibles et suggérés subtilement avec les ombres, le film oscille entre des moments de noirceurs comme la mort du père d’Hannah et des moments de légèreté comme le déjeuner sur l’herbe près des cheveux. Le film montre que le manichéisme n’est pas envisageable même dans un film post-apocalyptique, l’homme a foncièrement besoin de moments de légèreté qui lui feront oublier sa condition d’homme voué à une mort certaine et où l’entraide est nécessaire. Ce qui ne veut pas dire que la nécessité d’une coopération ne deviendra pas l’apanage d’intérêts personnels comme on peut le voir dans la deuxième partie avec les militaires. Là où le groupe pensait trouver un refuge sécurisé, les deux femmes vont être les proies de ces militaires pour se satisfaire sexuellement. La fin reste au demeurant optimiste pour ceux qui veulent y croire, réfugiés dans une maison avec un schéma familiale stable où un avion les aperçoit et semble etre sauvés. Pour les plus défaitistes, l’image inversée avec l’inscrisption « hell » peuvent croire à la mort du personnage dans l’hôpital, la suite n’étant que songe. La réussite du film est d’avoir allié deux perceptions qui vont de pair dans un monde ravagé comme celui-ci : la survie des hommes qui les poussent à s’unir laissant transparaitre l’universalité de l’homme bon dans un monde zéro et de l’autre l’égoïsme et le plaisir personnel qui poussent à sacrifier quelques individus au profit du « bien commun ».

Julia75
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le 31 mai 2020

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Julia75

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