Avec Trois fois 20 ans (2011), Julie Gavras semblait vouloir offrir un regard tendre et original sur le vieillissement amoureux. Pourtant, malgré un sujet audacieux et un duo d’acteurs prometteur, le film m’a laissé un goût d'inachevé, ce qui explique ma note de 4.5/10.
Dès les premières minutes, le projet séduit : parler d’amour et de vieillesse avec légèreté est une idée à la fois rare et précieuse. Mais très vite, Trois fois 20 ans trébuche. Le traitement s'avère superficiel, évitant soigneusement toute vraie exploration émotionnelle ou psychologique. Le film semble craindre son propre sujet, préférant l'effleurer plutôt que de l'affronter.
Isabella Rossellini et William Hurt apportent une sincérité indéniable à leurs rôles, mais ils peinent à compenser l'absence de vision claire derrière la caméra. La mise en scène, trop sage, trop lisse, empêche toute montée en intensité. Résultat : même les scènes qui devraient être poignantes paraissent mécaniques, voire anecdotiques.
L’indécision du film sur son registre tonal est l’un de ses plus grands handicaps. Oscillant entre comédie légère et drame latent, Trois fois 20 ans n'assume ni l'un ni l'autre, perdant en route toute véritable tension dramatique. Ce flottement constant finit par fatiguer plus qu’il n’interpelle.
En voulant éviter toute forme de noirceur ou de gravité, Gavras édulcore son propos. Cette approche aurait pu fonctionner avec plus d’inventivité ou de mordant. À la place, le film s’installe dans un entre-deux confortable, inoffensif, et, finalement, vite oublié.
Trois fois 20 ans laisse l’impression frustrante d’un film qui a reculé devant son propre sujet. Sympathique sur la forme, mais creux sur le fond, il illustre tristement ce que devient un beau projet lorsqu’il manque de profondeur et d’audace : un rendez-vous manqué.