Après sa participation à la tentative de résurrection de la saga Star Wars, Rian Johnson s’attaque cette fois-ci au film policier.
Il nous plonge alors dans une intrigue à la Agatha Christie, où le célèbre détective Benoit Blanc vient enquêter sur la mort du riche Harlan Thrombley, dont tous les membres familiaux sont suspects. Dès le premier plan, l’ambiance du film est posée : une musique dramatique accompagne la contre-plongée sur le manoir, lieu principal de l’intrigue, d’où deux chiens proviennent en courant vers le spectateur, au ralenti. Nous sommes alors plongés dans un univers bourgeois, où la mort tragique va venir impacter la vie des différents personnages. Tous ces protagonistes, interprétés par des stars hollywoodiennes telles que Jamie Lee Curtis, Chris Evans et Michael Shannon, font face à Daniel Craig, enquêteur français, et à l’infirmière du patriarche décédé, interprétée par Ana de Armas.
Une richesse visuelle et narrative émane de cette fiction, dans laquelle le spectateur plonge pour en résoudre l’énigme avant tout le monde. Mais notre petit plaisir de Sherlock Holmes est bien vite écourté, puisque l’identité du tueur nous est révélée après trente minutes de film. A couteaux tirés se veut alors plus sérieux qu’une simple enquête policière, pour se révéler une véritable satire politique. Sa très bonne base narrative et son casting délicieux de vraisemblance, dans ce manoir gothique au charme exquis, ne sont plus dignes d’intérêt si l’on peut à la place dénoncer la mentalité conservatrice américaine actuelle. A travers le personnage immigré de l’infirmière, victime de toutes les frasques de cette bonne famille américaine pure souche, Rian Johnson rappelle les travers de son pays, où le citoyen américain se croit supérieur à celui qui vient, en toute impunité, profiter du rêve américain.
A cause de ce sentiment d’avoir été dupé, notre intérêt pour le film disparaît progressivement. Le divertissement n’existe plus face à ce discours politique énorme, qui ne laisse pas sa place à l’intrigue, ni à ses personnages, pourtant tous si cocasses. Le charme du film s’épuise, malgré sa réalisation efficace avec ces jeux de lumières et de netteté de l’image, mettant en scène un Daniel Craig qui se rapproche parfois plus de l’inspecteur Gadget que d’Hercule Poirot. Nous nous détachons finalement de cette enquête, pour n’en devenir que le spectateur déçu, à qui on avait promis une excitante énigme, mais dont la révélation arrive bien trop tôt.