« Pas d’enjeux » qu’ils disaient tous après Infinity War.


« Tu sais qu’ils vont les faire revenir, ils peuvent pas décimer les trois quarts de leurs super-héros ».


Sur ça ils avaient raison : ils ne peuvent en effet pas décimer la majeure partie de leur univers.


Et comme cela était prévisible, ils sont revenus !


Mais là ou Infinity War aurait pu décevoir certains par son absence de prise de risques, Endgame cloue au sol fans et moins fans, balayant dix ans de films en trois heures d’émotions et de, osons le dire, risques bel et bien pris.


L’amour de Marvel qu’il soit comme moi de la première heure ou plus tardif, c’est globalement un attrait particulier pour la formation de son univers cohérent, réfléchi, drôle pour la plupart et surtout incroyablement réussi. C’est des milliards de dollars amassés pendant ces années de musiques grandioses et d’armures incassables. C’est plus qu’un attachement à ces personnages que l’on découvre d’abord invincibles et qui, assez paradoxalement quand on y pense, gagnent en intérêt quand ils gagnent en humanité, quand ils faillissent, quand ils s’éloignent du super-héros inéluctable et se rapprochent de l’Homme ou du Dieu ou de n’importe quel être de la galaxie qui échoue. Et c’est ça que Marvel a réussi dans ces deux derniers opus de la saga la plus rentable de l’Histoire : casser son héros pour bâtir son public.


Quelle épreuve compliquée pour une fan de Marvel de construire une critique, un avis objectif, basée sur de l’analyse, quand ce film, de sa première à sa dernière scène, fait appel à ses émotions de fans. Sans jamais tomber dans le fan service, c’est la conclusion que tous espéraient mais que beaucoup digéreront avec difficulté, parce que, on va se le dire : ça fait mal. Cette destruction du statut de super-héros, c’est du nouveau, on n’y est pas fait. Nous, on est habitué à les voir vivre et survivre et revivre films après films, scènes post-génériques après scènes post-générique. Imaginez donc la stupeur devant Infinity War et la douleur devant Endgame. C’est là que le « non-enjeux » d’Infinity War prend tout son sens. A tous ceux qui critiquait un scénario de poule mouillée, Marvel a répondu :


« On va pas tuer tous nos héros, juste ceux que vous aimez le plus et ceux que vous connaissez depuis le jour 1 du MCU. Et surtout, on va laisser planer le doute, donner aux éternels insatisfaits l’occasion de nous appeler lâches et ensuite leur montrer de quoi on est capable. ». Et c’est brillant. Vous pensiez qu’ils ne le feraient pas ? Qu’ils auraient pas le cran ? Qu’ils allaient nous pondre une happy end ? Et bien non. Ils ne ressusciteront pas Superman... euh Iron Man, pardon. Lapsus... parce que les risques ils les prennent, ils les maintiennent, ils les assument.


Aujourd’hui, c’est le début d’une nouvelle époque pour le MCU. La phase 4 va s’achever avec Spiderman : Far from Home mais c’est réellement une ère qui se termine avec Endgame. L’ère primaire, les dix premières années de l’évolution pas seulement de l’univers Marvel mais aussi du genre super-héroïque. Et pour conclure avec un peu d’émotion, que je retiens depuis le premier mot de cette critique : adieu Avengers, voir chacun de tes opus, chacun de tes personnages, en salle, passer dans mon enfance et mon adolescence était un plaisir. Pour le moment je n’ai que le souvenir amère de ce qui part, mais bientôt il me restera le plaisir de ce qui s’est passé.

Luciecbr
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le 24 avr. 2019

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