Pour résumer brièvement, le scénario est un peu étrange et surréaliste. Nicolas vit dans un village sur une île, peuplée uniquement de femmes et de petits garçons. Il n’y a pas réellement de trame narrative. Pas d’intrigue. Pas d’explication concrète sur la situation. Mais il ne faut pas en chercher, juste se laisser emporter. Des mamans qui s’occupent de leur fils, des réunions nocturne où elles deviennent des étoiles de mer, ou encore des enfants qui font des séjours à l’hôpital où des infirmières leur inséminent des embryons dans le ventre pour donner naissance à des bébés. C’est un film avec une grande dimension onirique, entre rêve et cauchemar. Film de science fiction, avec des allures de film d’horreur, l’oeuvre de Lucile Hadzihalilovic est pour le moins difficile à classer. C’est ce qui est appréciable dans « Evolution ». Même si un bon scénario reste toujours un plaisir, ce film ne marque par son histoire, mais par l’atmosphère dans laquelle il arrive à nous plonger.


Essentiellement tourné en plan fixe. Ce parti prix donne aux images une dimension picturale : Les plans sont traités comme des tableaux dans la composition de l’image, le cadrage et le choix des couleurs, ainsi que la durée du plan. Cette discipline du plan fixe donne un rythme qui place le spectateur dans une contemplation. La lumière et les couleurs contribuent aussi à cet effet. Des rouges et des verts criards pour le décor de l’hôpital. (Hôpital désaffecté que la réalisatrice a pu faire repeindre à son gré.) Et des couleurs très sobres pour le village (blanc délavé, du gris, des plages de galets.) Le tout contraste avec les couleurs de la vie sous-marine, les coraux orange et les étoiles de mer rouge. Le travail sur les couleurs est particulièrement poignant. C’est un film esthétique, au sens propre du terme. Un film sensitif : il ne fait pas appel à notre mental mais à nos sensations. C’est un film qui dérange, qui donne la nausée, qui fait se hérisser les poils le long des bras. Mais sans que l’on sache réellement pourquoi. Il n’y pas de violence dans les gestes ni dans les propos, les dialogues restent très minimalistes. Mais c’est une ambiance qui nous aspire dans un univers totalement décalé, un peu glauque et fascinant. Le travail sur le son contribue aussi à nous plonger dans cet univers, sans parler des séquences tournées sous l’eau qui nous immergent littéralement. 


Pour conclure, je serai incapable d’exprimer un avis binaire sur ce film. Je peux simplement témoigner que c’est une réelle expérience cinématographique. « Evolution » laisse à chacun la liberté d’y trouver ce qu’il cherche, sans forcément dicter une interprétation. C’est là que réside la puissance de ce film.

Outbuster
7
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le 9 sept. 2020

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