Coupable de gâcher tous ses potentiels !

C'est la deuxième collaboration entre le réalisateur Christian Vincent et Fabrice Luchini, après l'excellent La Discrète qui devait beaucoup au marivaudage de ses deux charmants protagonistes, joués par Luchini donc et Judith Henry.

Ici il y aura aussi en toile de fond un soupçon d'histoire entre Luchini et Sidse Babett Knudsen, la Danoise de Borgen et récemment de La Fille de Brest. Une histoire qui se résume finalement à Luchini faisant deux-trois compliments stéréotypés à Knudsen (du genre «vous êtes la plus belle») dans un café, et Knudsen qui fait quelques mimiques et autres réponses bateaux. On se met à furieusement regretter les dialogues de La Discrète...

Cette histoire mineure est censée « humaniser » un président de cour d'assises réputé austère et sévère. D'ailleurs, ses collègues le moquent derrière son dos. Il aurait été intéressant de plus creuser cette piste-là aussi, avec un Luchini en vieux ringard pète-sec et incompris de ses contemporains. Mais là non plus, ça reste de l'ordre de l'anecdotique dans le film.

La majeure partie du métrage est donc occupée par le procès lui-même. Et cette partie semble très travaillée, presque documentaire. On sent en tous cas un investissement scénaristique plus appuyé que dans un banal téléfilm français. Ceci dit, si le spectateur ne s'intéresse pas particulièrement au droit et au déroulé d'un procès, il vaut mieux qu'il passe son chemin. Le procès est assez clinique et pauvre en rebondissement. Le fait que l'accusé et sa compagne refusent de dire un mot n'aide pas à stimuler l'intérêt, voire même devient assez plombant à la longue. On ne donne pas non plus assez de lignes de dialogues aux personnalités fortes composant le jury (dont la fameuse Corinne Masiero) pour que ça vaille le détour.

Conclusion, L'Hermine n'est abouti sur aucun tableau. Pour l'aspect réaliste, autant voir un documentaire et pour l'aspect divertissant... on repassera. Comme dans beaucoup de films récents, un bon dialoguiste et des personnages denses manquent à l'appel, malgré des acteurs impeccables.