Et pourtant je venais avec un bon a priori. Jamais entendu parler du réalisateur (J Blakeson, deux films au compteur, dont une suite de film d'horreur), première fois que je vois Chloë Grace Moretz au cinéma, à l'exception notable de Hit Girl pour Kick Ass (avec une prestation plutôt réussie). Un film de science fiction, avec le pitch pratiquement déjà écrit dans l'affiche, ça a pas l'air si mal non?
Ce fut pourtant une des plus mauvaises productions récentes de sciences fiction (en dehors des classiques Divergente et cie) que j'ai pu voir dans son genre à l'écran. La cause? Un manque criant de moyens techniques, scénaristiques, humains, malgré le fait que ce soit une adaptation d'un livre. Un comble!


On suit ici les aventures d'une jeune ado qui se retrouve malgré elle propulsée en pleine apocalypse. Et quelle apocalypse! Car des aliens (surnommés "les autres"), franchement sadiques et machiavéliques, envahissent la terre en 5 phases distinctes. Le Black out (une EMP massive sur la planète), la destruction par le biais de ras-de-marées, une infection globale par le virus de la grippe aviaire, une invasion terrestre, et enfin... la fameuse 5ème vague, que l'on ne connaît pas. Ils sont sadiques ces aliens. Si le plan est pas mal trouvé, on se dit que l'on aura donc 5 films catastrophes en un, et que chacune des vagues nous tiendra en haleine vingt minutes. Raison de budget oblige (le film représentant le poids mouche de 36 millions de dollars, soit trois fois à peine celui de bienvenue chez les ch'tis), chacune des petites vaguelettes tiendra en 3 minutes. Triste hein? Pour des effets spéciaux, ça ne monte pas bien haut. Du coup, on a l'impression d'assister au séisme de 1755, les différents survivants se mangeant en moins d'une semaine chacune des différentes apocalypses qui aurait pu faire chacune un film différent (allez, au pif, Le Jour d'après, Contagion, Mars Attack, The invasion of body snatchers), la charge émotionnelle en moins. Et bien oui, dans la mesure où le script n'inclue qu'un seul personnage principal centré sur l'Iowa (remarquez au moins qu'au moins on change quelque peu de contexte), et dont la seule chose l'impressionnant semble être que les ipods et iphones ne marchent pas.


Mais là n'est pas le problème essentiel du film. Bien au delà du fait qu'il ne s'adresse qu'à un public d'ados légèrement attardés, que les personnages sont grimés comme des tenanciers de stand Abercrombie, que l'amour survient miraculeusement en observant de beaux corps virils sculptés. Le film ne dépasse jamais sa condition de film américain pour spectateurs du Mid-West.
C'est simple, par moment on se croirait dans un clip de la NRA tant les armes sont mises en valeur tout au long du film (on ne lésinera pas par ailleurs sur l'armement infantile)


L'autre point sur lequel j'aimerai m’appesantir est que le film tombe facilement dans le cliché du mythe historique américain. Je vais être obligé de spoiler. long pavé noir:


D'après l'historien Howard Zinn, l'histoire américaine est basée en particulier sur le mythe d'une société frontière (formée de travailleurs libres, de noirs affranchis et/ou en fuite, qui collaborent parfois avec les indiens ou qui peuvent les combattre) qui se construit contre l'autorité en place, nécessairement dictatoriale - le pouvoir colonial britannique. Cette idée a traversé les siècles, pris place au sein d'un imaginaire collectif, et est surtout à l'origine des courants libertariens politiques, comme par exemple le mouvement du tea party actuel ou certaines tendances un peu foireuses du parti républicain. Le soucis, c'est qu'une fois que l'on connaît ce concept, on connaît d'avance le méchant. Cela va nécessairement être le vilain militaire, la dernière forme de pouvoir collectif. Le film en devient donc terriblement prévisible, et en soit, il ne fait qu'abonder dans le sens de cette imagerie.


C'est pas un vilain série Z non plus, c'est juste une mauvaise série B, qui désire ardemment faire une trilogie en plus.
Allez, 3.

AntoineMartin4
3
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Créée

le 1 févr. 2016

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Antoine Martin

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