Nul ne l'attendait pourtant le revoici : Chucky la poupée de sang possédée par la non-âme de Charles Lee Ray rempile pour un septième épisode, vingt-neuf ans après son apparition (dans Child's Play). L'histoire aurait dû s'arrêter dès 1991 (avec Chucky 3) mais la créature a ressuscité à deux reprises pour fonder une famille. Don Mancini, créateur de la série et présent sur chaque épisode, est passé derrière la caméra pour le cinquième volet, Le fils de Chucky (2004). Il a décidé de poursuivre l'aventure bien qu'elle ne soit plus assez demandée pour le grand-écran (et alors qu'elle n'a jamais été très respectée, sauf au tout début peut-être). Cet attachement étonnant fait de Chucky le seul objet de sa carrière, à l'exception de quelques travaux (comme writer/productor) sur des séries (Channel Zero, Hannibal).


La poupée fut donc recasée dans La Malédiction en 2013 (initialement un remake) et arrive en 2017 avec une nouvelle mouture où l'humour trash n'est plus prioritaire. Ces deux films sortent directement en vidéo/DVD/Blu-ray même dans leur pays d'origine. Avec Cult of Chucky le mythe vire au fantastique et à l'horreur lourde, anxiogène. L'immonde se découvre une fonctionnalité formidable : la capacité de dupliquer son esprit et l'injecter dans des corps – ceux d'un hôpital psychiatrique pour cas extrêmes, souvent atteints de folies meurtrières, sont des réceptacles idéals. D'ailleurs les acteurs ne déméritent pas dans cette affaire, notamment les rôles mineurs – quoique le cabotinage de Jennifer Tilly en blonde new jersian (on dirait une sorte de Liza Monet blanche et maniérée) ne plaide en la faveur de personne.


Il en va autrement pour l'écriture du film et par extension celle du filon. Cet opus se veut plus ambitieux mais ne sait pas s'y prendre pour créer une tension sur la durée et une rampe pour sa poupée. Le ton est très surfait, sans relever d'un kitsch authentique. La bouffonnerie sombre s'annonce dès le départ mais la pantalonnade pure ne saurait être assumée, aussi l'ambiance se veut clinique et étrange. Or les seuls coups efficaces se font comme les autres, par la force (immédiatement dissipée alors qu'elle n'arrive généralement qu'à exploser la petite musicalité d'une scène). La bande-son est sur-investie et le spectateur gavé de trucs, astuces et rappels constants. L'ennui l'emporterait inévitablement s'il n'y avait cette tentative d'écrasement. Le gore est lâché dès la moitié et le rendement éloquent : c'est tout ce qu'il fallait pour sauver ce film taillé pour le remplissage.


https://zogarok.wordpress.com/2018/01/07/le-retour-de-chucky/

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le 2 nov. 2017

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