Pour son premier film américain, on avait peur que Park Chan-Wook aille se perdre dans le moule hollywoodien, et finalement, on retrouve tout même son style, même si c'est une commande (le scénario est d'ailleurs signé Wentworth Miller, le héros de la série Prison Break).
Dans une famille frappée par la disparition soudaine du père, surgit l'oncle d'India, jouée par Mia Wasikowska, qui tend à se rapprocher dangereusement de sa mère, Nicole Kidman, et d'elle aussi...
Alors qu'il devait être là pour les réconforter à la suite de cette perte.
Il y a là l'étude d'une famille en crise, qui révèle au fur et à mesure son étrangeté ; la mère qui garde un étrange sourire en coin, la fille qui est limite neurasthénique, et cet oncl qui a de curieuses intentions. Park n'hésite pas à évoquer des thèmes rarement abordés dans le cinéma américain actuel comme l'inceste ou le sexe, et il a eu l'excellente idée d'emmener avec lui son chef opérateur, lequel signe des plans souvent magnifiques.
C'est là qu'on voit que le travail entre réalisateur et chef opérateur peut donner des résultats très forts, avec ce travail sur les couleurs très vives, sur les perspectives, qui donnent au film son aspect étrange, en plus du caractère des personnages, car les acteurs sont très bons. A ce titre, la scène du piano à quatre mains est vraiment formidable.
Seulement, il est dommage de constater que le scénario est d'une grande prévisibilité, car on devine très vite les intentions de ce fameux oncle, sorti de nulle part ou presque, avec des flash-backs inutiles, pour donner au fond quelque chose de très conventionnel. Dommage, car au niveau pictural, c'est de toute beauté.