Alors que Park Chan-wook vient tout juste de voir son dernier film, Mademoiselle, sorti en salle, je m'attaque enfin à son avant-dernier opus qu'était Stoker, première pour le réalisateur coréen sur le sol américain, adaptant un scénario de Wentworth Miller (oui on parle bien du gars qui a fait tourner la tête de la plupart des minettes dans Prison Break).
Comme souvent, on peut être rempli de craintes de voir un cinéaste asiatique arriver sur le marché américain puisque bon nombre d'entre eux se sont vautrés pour rapidement retourner dans leurs contrées, pas souvent aidé par les scénarios pondus par ces génies du marketing hollywoodien, il est vrai.
On retrouve néanmoins et assurément la patte de Park Chan-wook. L'oeuvre est ultra stylisée, esthétique et parfois même à outrance, semblant jouer de la sorte pour se la raconter un peu. Park est un cinéaste de la sorte capable donc du meilleur comme du moins bon (Thirst en est parfait l'exemple) mais il faut pour cela que le scénario suive, sinon on reste dans quelque chose qui est uniquement très esthétisant. Un paquet très joli qui pourrait vite s'avérer vide.
Et là on pourrait être surpris, mais le scénario de Miller est loin d'être inintéressant. Tout d'abord par sa relecture finalement de la notion de vampire et de l'attrait pour le sang et le crime. Certes, on n'a pas affaire à des suceurs de sang, mais ça reste des personnages complètement obnubilés par ces deux choses.
On a aussi un bon film sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte. La jeune fille se découvre donc une passion morbide et s'affirme de plus en plus en tant que femme, supplantant notamment sa mère dans la séduction des hommes (l'oncle est bien plus attiré par elle que par le personnage de Kidman au final).
Alors bien entendu, ça manque parfois de finesse (la scène de masturbation sous la douche, pas forcément désagréable ou lourde mais pas non plus en nuance) et on regrettera aussi une Nicole Kidman sous-exploitée mais dans l'ensemble Park réussit son entrée sur le marché américain. Il est servi il est vrai comme il se doit par un bon casting et si on n'est pas rebuté par le style, par la création d'une ambiance particulière.