« Vous n’avez pas le monopole du genre ! ». Voilà ce que pourrait dire Park Chan-wook à Tim Burton tant Stoker s’impose comme un grand film d’angoisse sur fond de ténèbres.
Le père de la jeune India meurt prématurément dans un accident de voiture. Étant fille unique, il ne reste plus qu’elle et sa mère inapte à s’occuper d’elle. Son oncle Charles, étrange personnage qu’elle voit pour la première fois, s’installe avec ces deux femmes blessées pour des motivations inconnues.
Le réalisateur de Old Boy plonge dans le cinéma occidental avec ce que l’on peut considérer comme un hommage à Hitchcock. En effet, Stoker est un film à suspense plongé dans une atmosphère angoissante. Les personnages ont une certaine étrangeté ainsi qu’une part d’ombre qui rend le décryptage de leurs réactions et de leurs comportement bien difficile. Au long du métrage, on suspecte tout le monde de cacher des choses sans savoir lesquelles. Les dialogues sont constellés de blancs terriblement gênants et de sous entendus malsains. La pointe de sensualité et de désir ambiant contribue à cette gêne. Une fois que nous sommes dans le manoir de la famille, on sent que le mal n’est pas loin.
L’attitude des personnages de Stoker est accentuée par les costumes taillés à la personnalité de chacun. Un mélange brillant de classe et de collets serrés complètement hors de mode. Tout cela est propre, droit et laisse finalement peu de place aux couleurs rassurantes.
La réalisation de Park Chan-wook est encore une fois dans la lignée hitchcockienne avec cette sensation de danger et de suspense constant. La mise en scène est bourrée d’effets de styles permettant de s’immerger dans cette sombre histoire. Le manoir où réside nos principaux personnages est le théâtre parfait pour s’imprégner du danger latent.
Matthew Goode incarne le mystérieux Charlie avec une grande réussite par ses sourires, ses petites phrases et ses regards à glacer le sang. Mia Wasikowska continue de montrer tout son talent avec une énième teinture de cheveux et un rôle complexe. Malgré son âge (24 ans), sa filmographie est déjà assez exceptionnelle ! Enfin, Nicole Kidman est la star du film mais passe un peu inaperçue face aux deux autres personnages principaux.
Une belle tranche de tension pour commencer ce mois de Mai au cinéma. Grâce à sa mise en scène et ses personnages qui font froid dans le dos, le film se délecte avec plaisir même si la fin à la Tarantino tend à décevoir. Une belle leçon de cinéma dont les différentes interprétations de l’histoire peuvent passionner les débats.