Pendant que tout le monde se tripotait la nouille en s'extasiant devant les trailers, bande-annonce et autres procédés mercantiles pour faire monter la sauce. Je restais bien loin de l'euphorie générale, en me disant que la présence de David Ayer derrière la caméra suffisait à me mettre en lévitation (lire érection), sauf que j'oubliais la propension des studios à remonter, démonter puis fracasser un film pour satisfaire un plus large public (cf Les 4 Fantastiques de Josh Trank). Résultat, c'est mieux que l'indigeste X-Men : Apocalypse, mais moins bien que le tant décrié Batman v Superman, le faussement trash Deadpool et le divertissant Civil War.


En introduction, on nous présente Deadshot ( Will Smith) et Harley Quinn (Margot Robbie) dans une prison de très haute sécurité sous la garde du capitaine Griggs (Ike Barinholtz). Mais comme le spectateur est souvent un abruti, on refait les présentations à travers les dossiers de la pas très gentille Amanda Waller (Viola Davis). Deadshot et Harley Quinn sont largement mis en avant, alors que leurs futurs camarades de galère, ne reçoivent que des postillons. Suicide Squad se transforme en Deadshot et Harley Quinn featuring El Diablo (Jay Hernandez), Capitaine Boomerang (Jai Courtney), Killer Croc (Adewale Akinnuoye-Agbage) & Enchantress (Cara Delevingne), avec en guest stars Katana (Karen Fukuhara) et Slipknot (Adam Beach). (l'utilisation répétitive de Deadshot et Harley Quinn n'est pas fortuite, elle est le reflet du film). En dehors de ces personnages assez méchants, voir barrés, on a un homme sensé avec Rick Flag (Joel Kinnaman). Enfin, il n'est pas très net vu qu'il a le béguin pour la Dr. June Moone aka Enchantress. Sinon, il y a Le Joker (Jared Leto) qui passe de temps en temps, afin de nous faire regretter les prestations de Jack Nicholson et Heath Ledger.


Alors que les morceaux musicaux s’enchaînent à base d'Eminem, War, Action Bronson ou Queen pour nous enjailler, afin de masquer la platitude du scénario. On va suivre cette réunion de méchants (mais pas tant que ça), se fondre dans le triangle de Phil Jackson (en fait de Tex Winter), où tel le Michael Jordan du pauvre, Will Smith va se tailler la part du lion, alors que Margot Robbie brille dans le costume de Scottie Pippen, pendant que Joel Kinnaman a du mal à endosser le maillot de Dennis Rodman.
On est surtout devant un trio, alors que tout le monde sait très bien que Jay Hernandez dans le rôle d'El Diablo est le plus brûlant de la bande. C'est le facteur X, celui qui rôde dans l'ombre avant de donner toute l'étendue de son talent pour réussir un barbecue. Face à eux se dresse à nouveau la ville dévastée de New-York, ce qui fait la joie des artisans, prometteurs immobiliers et pompes funèbres, qui vont s'en mettre plein les fouilles et redresser le chômage et l'économie (il faut savoir apprécier le bon côté des choses). On doit ce résultat à l'Enchantress avec le soutien de son refré. Une méchante ratée comme trop souvent dans les adaptations de comics depuis trop longtemps.... Elle est visuellement dégueulasse et doit supporter le manque de talent d'actrice de Cara Delevingne et comme Viola Davis est aussi nullissime, on est pas dans la merde.....


La particularité de Suicide Squad, c'est de ne pas en avoir. Le scénario est des plus simpliste : on réunit des super-méchants et on part affronter d'autres super-méchants. Il y a au milieu une mission suicide pour délivrer de gentilles personnes sauf qu'il y a une feinte, mais on s'en bat terriblement les couilles, parce qu'on s'en tape royalement et surtout on s'en fout (le message est-il assez clair?). L'absence de dramaturgie, d'enjeux, de profondeur, bref d'ambition artistique, fait qu'on se retrouve avec un film inconsistant.
L'oeuvre s'annonçait politiquement incorrect, mais ce ne sera jamais le cas. Le sang ne coule pas, la violence est aussi douce que le shorty dont est affublée Harley Quinn, pour affoler les mâles en rut. Le coté obscur est dû à l'action se déroulant de nuit, mais surement pas dans le caractère des personnages où même Le Joker ne réussit à apporter une once de folie. La faute à un Jared Leto devenu un sketch depuis son cabotinage dans Dallas Buyers Club, ce qui lui a valu un oscar....


David semble Ayer (joli, non?). Sa réalisation n'est pas à remettre en cause. D'ailleurs, je ne le blâme pas, même s'il ne sort pas une seule scène d'anthologie. L'histoire récente nous a démontré que les adaptations de comics finissent dans les mains de producteurs pensant à leurs comptes bancaires, avant de réfléchir au côté artistique et jubilatoire de l'oeuvre. Il semblerait que cela soit à nouveau le cas avec ce produit-là. Ce n'est ni fun, ni trash et encore moins divertissant. Après Deadpool, on aurait pu croire que les studios allaient prendre des risques, mais on peut constater face à ce DC Comics sans saveur, que c'était une exception.
Je ne dédouane pas entièrement David Ayer. La performance de Jared Leto est susceptible de se retrouver aux Razzie Awards avec celle de Jai Courtney et Cara Delevingne, à croire qu'il a abandonné la direction d'acteurs pour se consacrer sur..... sur quoi en fait ?


Dans ce naufrage presque collectif, il y a cette lueur surprenante provenant de la folie de Margot Robbie. Sa prestation toute en sensualité dans Le loup de Wall Street avait transformé pas mal de monde en loup de Tex Avery. Mais son talent d'actrice était encore très discutable. Avec Diversion, elle se révéla bien fade face à Will Smith. Le doute était permis quand à sa capacité à briller sans jouer de son physique. Dans le navrant Tarzan, son visage devient plus expressif, voir sévère face à l'immense Christoph Waltz. Avec son rôle d'Harley Quinn, elle semble en mesure de surprendre à nouveau, mais va devoir mieux choisir ses prochains films. Certes, elle va amasser les millions grâce aux succès de ses deux grosses productions catastrophiques, mais elle prend le risque de redevenir une potiche pas désagréable, mais oubliable.


La Warner ne rivalise pas avec les Marvel de Disney, en voulant jouer sur le même champ de bataille, elle est entrain de perdre la guerre. Suicide Squad a fait un démarrage record pour un mois d’août aux states avec 161M$, mais entre les critiques assassines et les spectateurs mécontents, elle risque de voir ses prochains blockbusters DC Comics être boudés.


C'était un des films les plus attendus de l'été et si la déception était prévisible, elle n'en reste pas moins déroutante à la vue de la présence de David Ayer. Au moins, Zack Snyder avait réussi à s'en sortir malgré les divers obstacles, grâce à son talent visuel, pour le reste..... Au final, c'est une bonne mise en bouche avant l'autre naufrage annoncé, celui de S.O.S. Fantômes....

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le 11 août 2016

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Laurent Doe

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