C'est pas Inception mais quand même...

Oui, Christopher Nolan refait enfin un bon film! Il lui aura fallu 8 ans pour vraiment parler à mon petit cerveau d'adolescent complètement sidéré par la perfection d'Inception et à mes tripes d'amateur de films d'action! Parce qu'autant la tension de son cinéma reposait en très grande partie dans ses montages alternés ultra-maîtrisés (et qui ne constituaient en rien un défaut), autant là le mec réalise des pures scènes d'action dans un même espace bordel! Je veux dire que là où la scène d'intro de Dark Knight Rises manquait peut être un peu de panache et de montée en tension, dans Tenet, la scène de l'Opéra je la trouve juste parfaite.

Là, toute l'intensité repose sur la mise en scène et le mixage sonore (et la musique) qui fait bien ressentir tout le stress du mec qui, derrière son casque, doit faire face à des imprévus, réfléchir le plus vite possible avec un enjeu qu'il ne comprend même pas encore. Il n'y a pas d'alternance avec une situation qui comporte le même enjeu et qui se déroule à un autre endroit au même moment. Là, tout se ressent dans le même instant, dans le même espace temps, et c'est intense, rien que cette scène. Je pense que je l'apprécie autant que la scène sur l'autoroute surtout qu'elle m'a l'air bien sous-estimée.

Je parlais du mixage son, je le trouve peut être un peu trop fort mais vibrant et il canalise bien la tension, sans jamais atteindre le bourrinage sonore d'Interstellar (qui ne faisait pas non plus défaut au film), pile ce qu'il faut.
Le montage est vraiment réussi, sert très bien l'action (oui bah Nolan c'est pas le réalisateur des plan-séquences), surtout dans la scène de l'aéroport, qui est impressionnante, non pas pour le crash d'avion qui est juste présenté comme quasi-anecdotique dans le film mais pour la confrontation qui suit, où ça n'a pas à en faire des caisses niveau mise-en-scène tant l'action montrée est déjà étrange.

Après peut-être que ça aurait pu être filmé avec plus d'entrain mais je pense que justement la scène a clairement été pensée pour être appréciée dans sa revisite, plus tard dans le film. Le but là est de juste montrer - dans un premier temps - les chorégraphies de la manière le plus lisible sans forcément trop varier les valeurs de plan (tout en étant bien dynamisées au montage), pour qu'on puisse bien se les remettre une fois qu'on se les reprend à l'envers, dans un second temps.

Après l'histoire est assez originale, le fait de traiter de voyage temporel à vitesse normale, ça donne des passages juste impressionnants, au point d'en arriver à n'en n'avoir plus rien à foutre des personnages dans la scène finale, tant la situation en elle même est juste très étrange. Seul le mouvement de foule et les explosions inversées comptent et je trouve ça touchant, c'est du grand spectacle purement assumé. Mais les personnages n'en restent pas moins intéressants.

Parce qu'on a là affaire à un tout autre concept de personnage. Un Protagoniste sans aucun attribut émotionnel mais qui a pour seul interêt d'être aussi largué que le spectateur, de tout découvrir et de tout assimiler en même temps que ce dernier qui va le voir galérer au milieu de ces principes d'entropie à peine expliqués. Le film c'est les autres personnages comme celui de Neil qui semblent tout comprendre et le spectateur c'est le Protagoniste.

Et il va d'ailleurs faire la même chose que nous c'est à dire repasser la première partie (je l'ai vu 3 fois perso) en la faisant défiler à l'envers pour mieux en assimiler les principes.

C'est donc là un personnage plus interactif qu'émotionnellement attachant (à part quelques principes moraux genre sauver la Terre et dire au méchant à quel point il est méchant, mais rien de bien fou). Et ça fonctionne, parce que le mec VIT le visionnage du film, au même titre que le spectateur. Après il est clair qu'il va être moins marquant qu'un Dom Cobb dans Inception, qui lui a beau être en avance sur le spectateur niveau information mais qui, avec son sentiment de culpabilité qui va le ronger pendant tout le film, va se révéler bien plus attachant que le Protagoniste.
Disons que Nolan use là d'un autre moyen d'identification pour son personnage.

Ensuite, les acteurs sont charismatiques, l'air british que Nolan aime bien insuffler à ses personnages marche un peu moins avec Robert Pattinson (et son "Blimey" lâché sans vergogne qui m'a bien fait sourire dans la scène de visite à l'aéroport) parce que forcément Michael Caine est à la retraite et il ne peut pas toujours jouer au majordome, mais je chipote, ça reste beau à voir.

Pour finir, j'aimerai reparler de l'histoire qui a l'honnêteté de mettre en scène les paradoxes temporels sans essayer de les expliquer. Elle les montre justement comme inexplicables, avec tous ces personnages qui agissent de la sorte parce qu'il se sont observés agir de la sorte. Personne ne prend réellement les décisions. Elles sont prisent parce qu'elles vont être prises. La notion de libre-arbitre est bien remise en cause.

Sans se vouloir philosophique, le film peut entraîner des petites pistes de réflexions intéressantes.

Imaginez simplement le foutoir dans notre existence si le principe d'inversion existait...