Des notes rapides juste après visionnage, ceci n'est qu'une interprétation, pas très fouillée et sans doute très fausse (spoiler partout)


C'est un peu bateau, mais Jack est la projection de Lars Von Treer. Dans un mouvement méta narratif, son personnage se sert d'un "jack" pour tuer la première victime. C'est Von Treer qui se sert de son Jack pour tuer des femmes. Il s'agit donc bien de narcissisme, mais d'un narcissisme névrosé, qui a tout à fait conscience de lui même et qui créera donc la méta-narration.


Ce narcissisme est jumelé avec un masochisme assez logique. Il cherche à s'humilier grâce à ce personnage grossier qui présente un mea culpa particulièrement cynique et pervert à la critique cinéma qui n'a fait que le traiter d'artiste nazi-nihiliste. Il nous livre donc bien cette image de lui mais le résultat attendu n'est pas très clair. On a bien une confession, et on nous livre même une descente aux enfers. Mais le cynisme parodique réapparaît immédiatement après la sentence (au générique) comme un doigt d'honneur final.


Le masochisme se trouve aussi dans cette représentation d'un ingénieur se voulant architecte, sans jamais parvenir à produire une maison finale. Comme un technicien qui se voudrait artiste, mais qui ne parvient qu'a produire des systèmes creux, sans métaphysique, ou qui la chercherait directement dans la chair morte. On peut le voir comme une condamnation de son propre cinéma, un aveux encore une fois embarrassant. Il laisse des traces derrière lui pour qu'on le trouve, mais on ne trouve qu'un enfant recroquevillé, embarrassé, impuissant.


Dommage qu'on nous livre des dialogues assez insipides et confus où Von Treer se paie le luxe d'une confession/psychanalyse par Virgil où l'on saisit vite le manque de profondeur du semblant de système esthétique que s'est cherché Jack dans la construction de son art. La dialectique sensé être provoquée par cette confrontation est tout à fait morne et ne s'assume jamais vraiment. On peut d'ailleurs déceler l'ennui dans la voix et les réponses de Virgil. Dialectique avortée donc.


Pas un mauvais film en tout cas, mais on est pas encore dans la transcendance.


PS : l'empaillement de l'enfant m'a tout à fait paralyser donc chapeau bas pour cette réussite absolument grotesque et terrifiante.

cosmoscrame
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le 22 sept. 2019

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