Je suis content : je film est réussi. Et je suis content d'être content : c'est un film que j'espérais apprécier.


L'intrigue fonctionne bien. Elle n'est pas parfaite à cause du côté décousu : on s'occupe de 5 incidents racontés, et s'il y a progression, évolution du personnage, on ne sait vraiment pas où on va ni ce que cet échange avec Verge annonce réellement. Mais ça fonctionne bien parce que chaque chapitre est super bien écrit en soi : Von Trier parvient constamment à nous surprendre, et chaque fois qu'il étire un plan, c'est pour le nourrir et non pas juste allonger la durée du film. Le personnage principal est très intéressant, Trier jouant régulièrement de ses contradictions qui le rendent si complexe. Et si le scénariste a beaucoup potassé sur le sujet (au point de s'inspirer de nombreux faits réels pour construire son personnage et ses situations), on se sent bel et bien dans un film avec son univers propre à lui et non une lamentable tentative de faire réaliste (le mal du cinéma).


La mise en scène est également réussie. Bon, les petits coups de zoom typiques de son dogme, ça me bourre un peu les choux, mais passé cet effet de style, on constate que la caméra est toujours bien située (elle capte bien une scène, suit bien les acteurs), que les mouvements sont justifiés (ils apportent du dynamisme mais aussi renforcent les idées). Ce qui surprend toujours chez Trier, c'est la manière dont il va amener la beauté esthétique : il filme comme un docu la plupart de ses scènes, laissant un sentiment d'improvisation dans plusieurs scènes, l'éclairage n'est pas toujours top, l'affiche du film est d'ailleurs pas très sexy en soi, mais, de nulle part surgissent des plans très recherchés, inspirés de peinture le plus souvent ; c'est beau. Le travail sonore fonctionne bien, la BO est aguichante. Les acteurs sont très bons : Matt Dillon est excellent il a vraiment la bonne gueule et son jeu est impeccable ; les rôles secondaires sont donnés à des gens d'expérience mais pas forcément très connus, du coup on ne se sent pas mal à l'aise comme dans une superproduction qui veut parler de la vie de tous les jours avec des acteurs si célèbres que le spectateur en oublie le personnage.


Bref, j'ai beaucoup apprécié ce film.

Fatpooper
8
Écrit par

Créée

le 30 oct. 2019

Critique lue 246 fois

11 j'aime

2 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 246 fois

11
2

D'autres avis sur The House That Jack Built

The House That Jack Built
Velvetman
9

Antichrist

Alors que la polémique gonflait depuis quelques heures sur la prétendue violence de son film, alimentée par les nombreux claquements de porte lors de la projection officielle au Festival de Cannes...

le 16 oct. 2018

188 j'aime

4

The House That Jack Built
Moizi
9

La fascination morbide

Difficile pour moi de dire du mal de The House That Jack Built tant le film m'a emballé du début à la fin. On y retrouve le Lars Van Trier que j'aime, celui qui n'hésite pas à choquer, qui n'hésite...

le 31 oct. 2018

94 j'aime

4

The House That Jack Built
guyness
4

La petite maison dans l'après rite

Les tics de langages propres à chaque cinéastes, ne peuvent pas (jusque dans une certaine mesure) leur être reprochés. C'est bien la moindre des choses que les plus marquants d'entre eux aient pu, au...

le 3 mars 2019

81 j'aime

6

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55