Il est rare qu’un film me laisse aussi froid que About Cherry de Stephen Elliott, sorti en 2012. Armé d’un sujet brûlant — l’initiation d’une jeune femme dans l’industrie pornographique —, le film promettait de déranger, de questionner, d’émouvoir. Au final, il ne fait rien de tout cela, s’enlisant dans une banalité accablante qui frôle l'ennui abyssal.
La première erreur fondamentale réside dans l'écriture : les personnages sont d’une superficialité désarmante. Angelina, censée incarner l’ambiguïté de l’ascension et de la perte de soi, reste un pantin sans âme, privé de véritable évolution. Son parcours est expédié, survolé, comme si tout ce qui lui arrivait n’avait finalement aucune importance — ni pour elle, ni pour nous.
Autour d’elle gravitent des figures caricaturales : James Franco, Heather Graham... Autant de talents gâchés, réduits à des rôles fonctionnels sans relief. Leurs interactions sonnent faux, déconnectées d’une réalité pourtant si cruciale dans un tel récit.
Visuellement, le film achève de s'enfoncer : cadrages impersonnels, lumière plate, absence de toute esthétique marquante. Rien ne vient appuyer, sublimer ou même simplement accompagner l’histoire. Même la musique semble déposée là, sans véritable réflexion sur son rôle émotionnel.
Ce qui m'a le plus dérangé, c’est cette sensation constante de distance, d’indifférence de la part du réalisateur. About Cherry ne choisit jamais : ni plongée crue dans le monde qu’il décrit, ni regard critique, ni empathie envers ses personnages. À force de ne rien oser, le film ne dit rien. Il se contente d’aligner des scènes comme on feuillette distraitement un vieux magazine : sans passion, sans surprise, sans mémoire.
Je revendique pleinement ma subjectivité en affirmant que ce film est l’exemple même d'une œuvre qui échoue sur tous les plans : narratif, émotionnel, esthétique. Avec un sujet pareil, finir à ce degré d'insignifiance est, pour moi, une véritable prouesse… mais dans le mauvais sens du terme.
C’est pour cela que je lui attribue sans hésitation la note de 2,5/10. Non pour sa provocation — il n’en a même pas —, mais pour sa capacité consternante à vider de leur sens des thèmes qui méritaient bien mieux.