le 27 févr. 2022
Science fictive
After Blue (Paradis sale) est symptomatique d'un cinéma mort-né, qui, dès les premières minutes et jusqu'aux dernières n'a rien à dire, rien à montrer et surtout rien en quoi croire, pas même en...
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« Tout est à faire, rien à refaire », c’est le slogan qui ouvre la petite communauté où réside Roxy et sa mère Zora. Communauté qui condamna d’ailleurs mère et fille à l’exile après que la jeune Roxy fut accusé d’avoir déterré du sable la meurtrière redoutée Katerina Bushowsky (alias Kate Bush). Tout à faire car dès l’introduction, nous sommes propulsé sur After Blue : nouvelle planète de résidence hostile aux hommes, après que notre fameuse Terre si familière soit devenue mortellement (et anthropologiquement peut-être) inhospitalière. Mais tout est à faire aussi dans les fondements, et on s’en rend compte dans After Blue (Paradis Sale) : l’enracinement, le repli communautaire a quelque-chose de mortifère. Il faut partir à l’aventure, voyager, emprunter des sentiers nouveaux, dangereux, tantôt étrange et lumineux ! L’exile forcé de Roxy et sa mère a une double face : punitive car l’objectif est aussi celui de retrouver et tuer la dangereuse Kate Bush (cocasse pour une coiffeuse et une adolescente), mais aussi libératrice car on quitte enfin le malaise destructeur de la communauté. Le nouveau film de Bertrand Mandico se déploie ainsi dans un large scope où tout semble s’ouvrir. C’est l’objectif traditionnel des grands westerns : captation des grands horizons ; foi dans l’horizontale invitant au périple forgeur. After Blue (Paradis Sale), c’est le second long-métrage de Bertrand Mandico. Après ses nombreux courts et moyens-métrages à la toile complètement folle (Boro in the Box, Ultra Pulpe, ExtaZus, …) et son extatique premier long en 2018 Les Garçons Sauvages, Mandico revient ici avec un western acide qui continue indéniablement de prolonger une œuvre dingue : Mandico qui réalise un western, c’était peut-être comme une évidence ! J’en profite ici, car je n’ai finalement jamais écrit sur Bertrand Mandico. Un cinéaste parmi les plus singuliers actuellement en France (si ce n’est aussi au monde). Son art s’inscrit toujours dans ce palpitant ressenti de la sidération-fascination. Sidéré par son jeu du mauvais gout teinté d’un érotisme dégoulinant et monstrueux, et fasciné par la puissance de sa simple main d’œuvre. On y revient encore : tout est à faire. Mandico ne suit pas les lignes modernes, mais revient sans cesses à un cinéma d’antan voguant vers l’artisanal : Vigo, Cocteau, Jodorowsky. Les effets spéciaux sont faits sur place, assumant son coté fauché jusqu’à l’adhésion totale. Comme une croyance dans un cinéma spectaculairement marginal. C’est le grand talent de plasticien de Betrand Mandico qui explose l’écran et met tout le monde d’accord. Comme un Lynch français si je puis dire, son cinéma est avant toute-chose une affaire du formel. Qui oserait tout déformer par des jeux miroirs vertigineux ? Qui oserait articuler tout un univers fait de monstres artisanaux et d'une quête perpétuelle des désirs enfouis ? Qui oserait transformer le paysage de la Nouvelle-Aquitaine en un environnement organique et mystérieux ? Qui oserait jouer entre le monde des vivants et celui des morts en nous inscrivant, nous-même spectateurs, comme noyés par cette traque sale et érotique ? C’est cela After Blue : un Mandico x100 qui propulse le western dans des ténèbres colorés ; une invitation à quitter les sentiers battus. Tout est à faire : vitalité qui se trouve autant dans le voyage et la traque (le repli tue : la communauté ; Sternberg), que dans le geste même de cet artisanat façon Mandico remplie d’une foi sidérante.
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Créée
le 15 févr. 2022
Critique lue 303 fois
le 27 févr. 2022
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