All inclusive
Aftersun propose quelque chose qu'on ne voit quasiment jamais dans les films de vacances : un père et sa fille qui ne font rien, si ce n'est aller à la piscine et jouer au billard. Et pour ça le film...
Par
le 1 févr. 2023
116 j'aime
2
A l'heure où j'écris ces lignes, le titre "One Without" extraite de la BO du film résonne encore dans mes oreilles tant elle fait durer l'émotion qui m'envahit depuis la fin du visionnage de Aftersun.
Le film traite de la relation entre le père Calum et sa fille Sophie durant des vacances d'été dans un camp de villégiature. Calum est un père jeune, divorcé mais aimant et très protecteur envers sa fille qui semble tourmenté par un mal profond. Sophie est une pré-adolescente optimiste qui va, au contact de son père et d'autres jeunes vacanciers, apprendre à se découvrir soi-même durant ces vacances.
Sincèrement, ce sont des films comme Aftersun qui me font profondément aimer le cinéma. Le film propose d'ailleurs des thématiques qui font écho à mes films préférés et qui éveillent en moi des émotions fortes. Car oui, Aftersun est un film bouleversant mais qui sait l'être de manière subtil, aux antipodes des drames aux scènes tragiques et larmoyantes.
En effet, Aftersun offre un ton neutre qui n'a pas vocation à provoquer l'émoi chez le spectateur mais qui une fois le film terminé éveille en nous une forme de mélancolie qui tarde à s'estomper (en ce qui me concerne).
Les sujets abordés que sont l'amour paternel, la dépression, la nostalgie et le deuil ne se développent qu'au fur et à mesure que le film avance à travers des répliques qui interpellent (Calum discutant du fait qu'il ne se voyait pas dépasser la trentaine) et des images saisissantes (lui qui fond en larme en l'absence de sa fille) confirmant la thèse de la dépression qui envahit le père de famille. Dès lors l'issue du film ne fait plus de doute et bien qu'il ne soit pas explicitement raconté ce qu'est devenu Calum après les vacances avec sa fille, tout porte à croire que celui-ci a mis fin à ses jours peu après laissant à sa fille un dernier souvenir de vacances qu'elle aura immortalisé avec son camescope. Un souvenir qu'elle continue de visionner même des années plus tard lorsque son âge aura rattrapé celui de son défunt père.
Une autre particularité du film est qu'il offre deux points de vue, celui de Calum et celui de Sophie. Comme je l'ai dit plus tôt celui-ci dispose déjà d'une expérience de vie peu commune, ayant grandi semble-t-il sans un amour fort de ses parents il a développé un trouble mental qui le ronge depuis un certain temps et dont il s'efforce de masquer au contact de sa fille, seul réel rayon de soleil à ses yeux. Mais malgré son combat intérieur, son amour pour sa fille et ses efforts pour elle en dit bien plus que sa supposée mort.
Cela est à mettre en parallèle du point de vue de Sophie qui vit elle une expérience opposée. Très vite montré comme une enfant curieuse et très mature qui est davantage intéressé par la vie adulte que les enfants de son âge. Son envie de grandir contraste avec la peur de vieillir de Calum proposant alors une vision du temps qui passe aussi bien perçu comme un privilège qu'une malédiction.
Je terminerai avec une dernière thématique qui m'a fait tilt lors de l'écriture de cette critique... Celui de la mémoire. Sous un certain angle on pourrait considérer que le film raconte en fait les souvenirs de Sophie sur les dernières vacances passées avec son père. Plusieurs scènes montrent les deux personnages adultes au même âge lors d'une rave-party. Sophie observe son père danser comme il aimait le faire de son vivant. Cependant, ces scènes sont filmés de manière stroboscopique rendant difficile la perception de Calum traduisant une difficulté pour la jeune femme à se remémorer le souvenir de son père. Le film des vacances symbolise ainsi l'amour qui perdure entre les deux protagonistes malgré la disparition supposée de Calum.
Aftersun est ce genre de film qui me subjugue par sa mise en scène (utilisation de lumières stroboscopiques) un jeu d'acteur génial qui se mesure à l'impact de leur regard (mention à la jeune interprète de Sophie qui montre qu'il n'y a pas d'âge pour faire ce métier) dont la maîtrise est confirmée par la séquence final sous un "Under Pressure" qui réunit les deux adultes dans une scène déchirante.
Il me tarde de revoir ce film dans un avenir proche pour y déceler de nouvelles subtilités qui m'auraient échappé au premier visionnage et j'encourage tout le monde à voir ce petit bijou !
Créée
le 23 mars 2025
Critique lue 5 fois
Aftersun propose quelque chose qu'on ne voit quasiment jamais dans les films de vacances : un père et sa fille qui ne font rien, si ce n'est aller à la piscine et jouer au billard. Et pour ça le film...
Par
le 1 févr. 2023
116 j'aime
2
Le film à hauteur d’enfant est toujours l’occasion d’un parti pris esthétique affirmé : il s’agit la plupart du temps de réduire le cadre, ou d’occulter certains éléments pour se mettre au diapason...
le 2 févr. 2023
88 j'aime
4
"Je ne peux pas m’imaginer à 40 ans, honnêtement. Je suis surpris d’être arrivé à 30". Calum dit ça à un moment, l’air grave, et la phrase émeut et heurte à la fois, témoigne de ce que l’on pressent,...
Par
le 27 janv. 2023
66 j'aime
Un film oubliable car soyons honnêtes, il ne sort vraiment pas du lot parmi la floppée de films du même genre sortis quelques années avant à une époque ou le sujet du voyage dans le temps devenait...
le 13 juil. 2025
Ainsi démarre ma saga ultra-personnelle des oeuvres cinématographiques sur lesquelles l'humanité doit se pencher pour ne pas retourner à l'âge de pierres. Ces films qui nous permettent de connaître...
le 13 juil. 2025
A l'heure où j'écris ces lignes, le titre "One Without" extraite de la BO du film résonne encore dans mes oreilles tant elle fait durer l'émotion qui m'envahit depuis la fin du visionnage de...
le 23 mars 2025