Alors qu’il se dirige vers la planète Origae-6 pour y établir une colonie, l’équipage du vaisseau Covenant reçoit un signal en provenance d’une planète inconnue. Découvrant que cette planète est dotée d’un écosystème similaire à celui de la Terre, le capitaine (Billy Crudup) décide d’aller l’explorer afin de voir s’il serait possible d’y établir la colonie prévue. Arrivé sur le sol de cette mystérieuse planète, il va vite comprendre que ce n’est pas une bonne idée…


Ce qui n’était pas une bonne idée, surtout, c’était de donner une suite à l’Alien de 1979, un des chefs-d’œuvre de Ridley Scott. Mais comme Cameron (Aliens : le retour) et Fincher (Alien 3) s’étaient plutôt bien débrouillés, on avait fini par y croire. Voir Ridley Scott reprendre sa saga en main avait donc tout pour rassurer. C’est en 2012 qu’il s’y attela avec un Prometheus guère original, mais qui avait au moins quelque chose à offrir sur le plan visuel. L'histoire est connue, et je ne vous apprendrai rien sur l'accueil critique désastreux que Prometheus a rencontré. Il fallait redresser la barre, et Scott crut qu'il y réussirait en abandonnant l'histoire de son préquelle, et en nous proposant un film, soi-disant plus proche du tout premier volet de la saga, prévu pour lier Prometheus et Alien, un film qui ferait revenir le xénomorphe, dont l'absence du volet précédent avait déçu tant de monde... Ce film, c'est Alien : Covenant, et pas de bol, il se révèle non seulement mauvais comme suite de Prometheus mais également comme film connecté à l'univers d'Alien !
Avec cet épisode, même Dariusz Wolski, directeur de la photographie d’habitude exceptionnel (est-il besoin de rappeler son travail incroyable sur la saga Pirates des Caraïbes et sur les films de Scott depuis Prometheus ?), semble s’être mis en grève. Pourtant, il avait quelque chose à filmer, Victor Zolfo n’ayant quant à lui pas chômé sur les décors. A travers ces derniers, évoquant une sorte de mythologie médiévale, il y avait réellement quelque chose à faire ! On sent donc bien l’ampleur que tente d’insuffler Scott à son film, mais celle-ci ne prend jamais, par la faute, entre autres, d’une mise en scène trop étriquée qui nous fait nous sentir à l’étroit dans des décors qui avaient tout pour être colossaux (faut le faire, quand même !).
Mais le sort le plus triste est sans doute celui réservé aux xénomorphes. Alors que la créature faisait frémir dans les premier et troisième volets, alors que, malgré sa multiplication dans le deuxième, elle n’en paraissait pas moins dangereuse, voilà que l’extraterrestre est relégué à un second rôle banal, sans aucun lien avec la trame scénaristique principale, qui vient tuer un ou deux humains entre deux longues discussions pour nous rappeler quand même que la saga s'appelle Alien...
Car en effet, puisque l’heure n’est plus à la suggestion, ni même à l’action (celle-ci se trouve réduite à un nombre de scènes - pas impressionnantes pour deux sous - qui se comptent sur les doigts de la main), Ridley Scott tente d’emmener son film sur les terrains de la métaphysique et de la réflexion philosophique. Il nous propose ainsi une réflexion sur l’intelligence artificielle qui, à travers


l’opposition entre les androïdes Walter et David,


aurait pu être prometteuse. Après tout, n'oublions pas que Scott a réalisé le brillant Blade Runner ! Seulement, il est loin, ce temps-là, et Scott n’est plus que l’ombre de lui-même. Il nous assène donc plusieurs scènes de bavardages interminables sur la vraie nature des androïdes qui ne mènent absolument nulle part, et ne mettent pas en activité le moindre neurone de notre corps. Revoyez Westworld, pour une vraie grande réflexion philosophique sur l'intelligence artificielle ! Et sans compter aussi qu'on se demande pourquoi le film s'appelle Alien, alors même que c'est Fassbender qui monopolise l'écran pendant toute la durée du film... (Ce qui n'est, il faut le reconnaître, qu'à moitié un défaut, puisque Fassbender a tout d'un grand acteur !)
Finalement, le seul prodige du film est la vitesse avec laquelle il s’efface de la mémoire du spectateur… Et ce n’est pas sans amertume que l’on constate, au sortir de ce film, que s’il fut une période ou Ridley Scott était un grand nom du cinéma, il n’est plus aujourd’hui que le nom d’un piètre réalisateur de blockbusters désincarnés, pures commandes de studios déshumanisés qui ne perpétuent de grandes sagas du cinéma que pour en tirer un gain financier qui n’a d’égal que l’absence de créativité de leurs produits. Que l'homme descende des Ingénieurs ou non, la question est toujours posée, mais pour Ridley Scott, on peut en être tout-à-fait sûr : oser détruire de manière aussi efficace sa propre création, c'est un signe qui ne trompe pas...

Tonto
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Quand les acteurs se dédoublent..., Les meilleurs films de Ridley Scott et Les meilleurs films de 2017

Créée

le 12 mai 2017

Critique lue 2K fois

44 j'aime

2 commentaires

Tonto

Écrit par

Critique lue 2K fois

44
2

D'autres avis sur Alien: Covenant

Alien: Covenant
Sergent_Pepper
5

Asperge le mytho

Le dédale nous égare : Ridley Scott, en retournant à ses premiers amours, ne nous en facilite pas nécessairement l’accès : retour du monstre, suite de son prequel, quête des origines, récit fondateur...

le 12 mai 2017

116 j'aime

27

Alien: Covenant
MatthieuS
5

Un projet qui aurait mieux fait d’être tué dans l’œuf

Alien Covenant est donc la continuité de Prometheus, film réalisé et produit par Ridley Scott en 2012. Cette suite, du nom d’Alien Covenant, est le dessin d’un projet. Ce projet est de rendre cette...

le 11 mai 2017

88 j'aime

34

Alien: Covenant
Behind_the_Mask
7

Mother fucker ?

Dis-moi, cher abonné, te souviens-tu ce que tu faisais en 2012, plus précisément le 30 mai ? Ah ah, j'étais sûr que tu allais dire ça. Allez, je te donne un indice pour te remettre en situation. Tu...

le 11 mai 2017

83 j'aime

22

Du même critique

Solo - A Star Wars Story
Tonto
8

Mémoires d'un Han

Dans les méandres de la planète Corellia, où la population a été asservie aux ordres de l’Aube écarlate, organisation au service de l’Empire, un jeune homme, Han (Alden Ehrenreich) tente de s’évader...

le 24 mai 2018

79 j'aime

32

Hostiles
Tonto
9

La fantastique chevauchée

1892, Nouveau-Mexique. Vétéran respecté de l’armée américaine, le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale) se voit donner l’ordre de raccompagner le chef cheyenne Yellow Hawk (Wes Studi), en train...

le 20 mars 2018

78 j'aime

15