Alpha, 13 ans, revient d’une soirée avec un tatouage sur l’épaule. Alors qu’un virus sévit à l’extérieur, sa mère, médecin, redoute que l’adolescente n’ait été contaminée par une aiguille souillée.
Julia Ducournau revient sur les écrans après avoir « titanisé » Cannes. Son goût prononcé pour la chair, le grave et le monstrueux demeure intact. Bélénophobes s’abstenir ! Dès la première scène, une fillette relie au marqueur les points d’injection sur le bras de son oncle toxicomane : « C’est plus joli comme ça », lui glisse-t-elle.
L’épidémie ambiante transforme les corps en statues de pierre, leurs veines devenant celles d’un marbre blanc ou noir selon la carnation. Une idée visuelle saisissante, accompagnée d’autres instants marquants comme cet échafaudage pris dans le vertige du vent, ou cette piscine bleue dans laquelle se répand le pourpre du sang faisant fuir tous les nageurs. Mais l’image reste volontairement jaunie, terne et poussiéreuse pour évoquer les années SIDA et sa génération sacrifiée. Le spectre du COVID se rappelle également à nous.
Meilleure réalisatrice que scénariste, Ducournau s’enfonce dans un récit de plus en plus affecté. Quelle idée pour une soignante, incapable de porter gants et masque auprès de ses patients, de faire dormir sa fille dans la même chambre que son frère junkie – Tahar Rahim impressionnant dans son apparence cadavérique ! Il faut alors s’accrocher aux cheveux raides ou frisés de Golshifte Farahani pour reconstituer une chronologie cohérente. Mais rien n’y fait. Pris en étau entre fantasme et cauchemar, on perd pied. Le récit s’enlise et disparaît, comme ses personnages victimes, dans une tempête de sable.
(5.5/10)
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